Deux des plus grands compositeurs romantiques du monde germanique sont inscrits au concert que donne l’Orchestre national du Capitole le 18 mai prochain. Bien que Franz Schubert et Robert Schumann ne se soient jamais connus, ils ont tous deux contribué à la naissance de l’orchestre romantique. Morts prématurément, l’un et l’autre laissent une œuvre symphonique tourmentée que le directeur musical du Liceu de Barcelone, Josep Pons, vient diriger à Toulouse. Le chef catalan, particulièrement cher aux musiciens toulousains, ranimera la flamme qui n’a cessé de consumer ces deux compositeurs liés par une passion commune, celle de la musique.
Nommé directeur musical du fameux théâtre Liceu de Barcelone en octobre 2010, Josep Pons occupe cette fonction importante depuis la saison 2012/2013. Il a auparavant été successivement directeur musical et artistique de l’Orquesta Ciudad Granada (1994 à 2004) et de l’Orquesta de Cambra Teatre Lliure (1985 à 1997). Il a également été chef principal et directeur artistique de l’Orquesta y Coro Nacionales de España (de 2003 à 2011/2012). Comme Chef principal invité au Liceu de Barcelone, il a dirigé de nombreuses productions lyriques, de La Flûte enchantée, de Mozart, à quelques premières mondiales comme D.Q., de José Luis Turina (mis en scène Fura dels Baus), et de La Fattucchiera de Vicente Cuyàs, en passant par Peter Grimes et Le Tour d’écrou, de Benjamin Britten, Le Château de Barbe-Bleue, de Béla Bartók, Wozzeck, d’Alban Berg ou La Voix humaine, de Francis Poulenc. Il mène en outre une importante activité symphonique comme chef invité de grands orchestres internationaux, comme l’Orchestre national de France, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre de la Suisse romande, l’Orchestre National du Capitole, le BBC Scottish Symphony Orchestra ou encore l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig… En 1999, il a reçu le Prix national espagnol pour l’ensemble de son œuvre en faveur de la musique du XXe siècle.
Josep Pons a tissé des liens fraternels avec Toulouse et ses musiciens qu’il dirige régulièrement depuis de nombreuses années. Il revient cette fois explorer le monde symphonique dont Schubert et Schumann ont infléchi la trajectoire. La courte vie de Franz Schubert a en quelque sorte été prolongée par l’action généreuse de Robert Schumann. En effet, on doit à ce dernier la résurrection de l’œuvre symphonique de l’auteur de la Symphonie n° 8 dite « Inachevée ». C’est cette partition emblématique qui occupera le cœur du concert du 18 mai. Composée en 1822, elle ne fut découverte que des années après la mort du compositeur. Parce qu’elle ne comporte que deux mouvements, elle reste connue sous ce nom de Symphonie Inachevée. Le 3ème mouvement, un Scherzo, a été ébauché par Schubert. Il comporte 120 mesures à l’état d’esquisses pour piano, dont les 20 premières en partie orchestrées. Les tentatives de complétion sont restées sans lendemain…
Cette symphonie de l’émotion sera encadrée par deux œuvres de Robert Schumann. Ecrites entre 1844 et 1853 les Scènes de Faust, d’après Goethe, constituent un oratorio profane que Schumann n’a jamais entendu dans son intégralité, la première datant de 1862 à Cologne. L’Ouverture de cet oratorio précèdera la Symphonie Inachevée. La seconde partie de la soirée sera consacrée à la Symphonie n° 2 en do majeur composée par Schumann entre 1845 et 1846, après une première période dépressive, annonciatrice de cette folie dramatique qui finira par emporter le compositeur. Ces circonstances particulières peuvent probablement expliquer le caractère relativement plus sombre de cette œuvre que Schumann lui-même reconnaissait : « Je crains qu’on puisse deviner mon état de fatigue en écoutant cette musique… » Deuxième du nom, mais troisième par ordre chronologique, elle fut créée le 5 novembre 1846 sous la direction de Felix Mendelssohn.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre National du Capitole
Josep Pons, direction
vendredi 18 mai 2018 à 20h00 – La Halle aux Grains