Sensibilité, intelligence, sincérité et douceur, intensité, chaleur de la voix, engagement de la parole, … Les mots ne manquent pas et résonnent autant de respect que d’affection quand on évoque la personne et le parcours de celle que d’aucuns nomment la plus belle voix féminine actuelle d’Afrique du Nord.
En concert ce samedi 24 mars 2018 à MURET (31)
Souad Massi n’a pas seulement tracé une route exemplaire dans le paysage musical algérien du début du 21e siècle où dominait alors un Raï éminemment masculin. Elle n’a pas seulement été la Joan Baez ou la Tracy Chapman du monde arabe et résisté aux années noires d’une Algérie livrée à la terreur, durant lesquelles elle fut censurée et menacée.
Souad Massi est avant tout un phénomène ancré dans l’affection du public. Et si la simplicité et le charme de sa voix doucement mélancolique parlent aux émotions, il est également remarquable d’observer à quel point les thèmes de la liberté et de l’humanité peuvent encore et toujours réveiller les consciences endormies.
Surtout quand ils sont portés par la voix, la musique, et la poésie.
Souad Massi, tombée en amour de la poésie à l’adolescence avec les textes de Leonard Cohen, sublime aujourd’hui ce cheminement avec « El Mutakallimum », son dernier album, où elle met en musique les grands poètes de la langue arabe du 11e au 20e siècle, comme Abou El Kacem El Chabi, Ahmed Matar, El Moutabani, … Certains sidèrent par leur modernité et leur résonance actuelle, prônant l’humilité et la tolérance contre la tyrannie et le terrorisme.
Ces maitres de la parole sont un trésor occulté qui pourrait aider certains jeunes à se construire. Moi j’en suis fière.
Avec ses textes engagés contre la corruption, Souad Massi est perçue au début des années 2000 comme l’une des porte-parole de la jeunesse algérienne. Désormais, la quadra mène toujours des combats :
Dans mes chansons, j’aborde des sujets qui m’interpellent, comme le droit des femmes ou la résistance.
Je n’accepte pas l’image négative que l’on veut donner du monde arabe et de l’islam.
Avec ce disque, j’ai essayé de rétablir la justice en mettant en lumière la beauté de notre culture.Nous ne sommes pas des barbares, des gens sans civilisation. Le monde arabo-musulman a produit des merveilles dans toutes les sciences et en poésie. L’Occident tourne le dos à cet héritage.
Pour ce vibrant hommage à la culture Arabe et Andalouse, Souad Massi n’a pas choisi la musique classique arabe que d’autres érudits pratiquent à la perfection. Fidèle à son style métissé, elle a plutôt misé sur le reggae, le flamenco, la bossa, le chaâbi. Le résultat est surprenant, fluide, généreux, et contribue à rendre accessible ce magnifique patrimoine.
Elle sera accompagnée de ses deux amis musiciens, le percussionniste renommé Rabah Khalfa, et le jeune virtuose de la guitare mandole Medhi Dalil.