C’est en effet au cours de cinq soirées que cet hommage aux cordes vocales sera rendu, cinq événements consacrés, comme tous les ans, à des musiques baroques et anciennes dans la grande salle d’Odyssud, du 12 mars pour le premier rendez-vous au 10 avril pour le dernier, et ce à 20h30.
Giovanni Battista di Jacopo : la Pietà
Avant de préciser le contenu de chaque soirée, rappelons que l’Occitanie est bien une terre d’excellence pour les musiques baroques et anciennes. De nombreuses formations et artistes y sont implantés et se sont spécialisés dans les répertoires, baroque, renaissance et médiéval. Ces ensembles ont en commun de rechercher et de redécouvrir les nombreux chefs-d’œuvre d’un immense répertoire qui s’étend sur près de dix siècles d’histoire de la musique. Tous ces artistes présentent ces œuvres dans des interprétations « historiquement informées », c’est-à-dire jouées sur instruments d’époque, s’appuyant sur des partitions originales, respectant les effectifs originaux, et restituant les principes d’interprétation en vigueur au moment de la création des œuvres.
Pour le premier concert, le 12 mars, nous poussons jusqu’à Venise avec Jordi Savall, ce musicien infatigable, avant tout passionné de rencontres, persuadé que la culture est essentielle à l’harmonie du monde, créateur de projets culturels fous. Il dirige son ensemble Hespèrion XXI dans un programme qui s’intitule : de la Renaissance à l’époque baroque, l’influence vénitienne dans l’Europe musicale, de 1500 à 1700. On vous fait grâce ici des compositeurs mis en avant pour vous énumérer de façon plus parlante les ricercari, capricci, canzone, sonate, balli, saltarelli, pavanes, gaillardes, sarabandes, courantes et variations qui vous attendent, interprétés sur basse de viole, théorbe, guitare, percussions et autres instruments anciens.
Le lendemain, c’est Jean-Marc Andrieu qui dirige son Orchestre Baroque de Montauban dans le fameux Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolese précédé d’un Salve Regina à deux voix d’Alessandro Scarlatti, le papa de Domenico, et d’une sonate Al tavolino. Il a été écrit concernant l’orchestre et les deux solistes, la soprano Magali Leger et l’alto Paulin Bündgen : « Les Passions offrent un superbe écrin sonore aux deux solistes, dont les timbres se marient admirablement dans une interprétation d’un grand raffinement. » Stabat Mater : Cantate pour soprano, contralto, cordes et basse continue / Composition : à Naples puis à Pouzzoles, 1736 / Commande de la Confrérie de la Salute, Naples (ou de la Confraternité Saint-Louis du Palais).
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On passe au 8 avril avec l’Orchestre Baroque de Toulouse et le Chœur Baroque de Toulouse dirigés par Michel Brun. Vivaldi au programme avec son Gloria et le Stabat Mater. Les solistes sont la soprano Eliette Parmentier et l’alto Caroline Champy-Tursun. Le programme se complète par deux des célèbres concertos pour mandoline interprétés par Julien Martineau dont le talent est reconnu bien au-delà des frontières d’Occitanie.
Une seule voix de femme dans le Stabat, celle d’alto, pour ce chef-d’œuvre composé par Vivaldi en 1712, année hautement stratégique pour Don Antonio Vivaldi. Plein succès pour son Estro armonico et de plus, il va répondre à une commande des moines de Brescia qui souhaitent donner, lors de la fête des Sept Douleurs de la Vierge Marie, un nouveau Stabat Mater, fatigué d’entendre régulièrement le même. Vivaldi va répondre aux exigences d’économies de moyens en instrumentistes et enlever la commande. C’est un maître en écriture pour cordes qui les fait sonner. On ne sait si, à la création, la voix était celle d’un castrat ou d’un contre-ténor, puisqu’une femme ne pouvait alors chanter en ces lieux. Par la suite, les voix graves féminines se sont faits nombreuses dans les réalisations. L’ensemble doit être sans pathos indécent, ni indifférence tout au long des neuf mouvements, un moment rare bien délicat à saisir. L’exhumation de ces pages date d e1939 par un certain Alfredo Casella, lors de la “Semaine Vivaldi“.
Le 25 mars, c’est soirée Vocello d’Henri Demarquette, le violoncelliste qu’on ne présente plus. Vocello, contraction fusionnelle de voce et de cello, mot inventé par notre musicien. Mot qui désigne la rencontre inédite entre son instrument et le chœur a capella Sequenza 9.3. La rencontre va donner naissance à un répertoire inédit, avec des alliances de climats et de timbres inusitées, propices à des émotions nouvelles. Une aventure qui propose un voyage initiatique à la touche personnelle très marquée entre œuvres vocales anciennes transcrites pour violoncelle et chœur, et des créations récentes nés de la rencontre avec quelques-uns des compositeurs actuels comme Burgan, Trotignon, Escaich en venant de, Allegri, Purcell, Dowland,… L’instrument à cordes le plus proche de la voix humaine, dit-on, va rivaliser, se confondre, ou simplement effleurer les voix qui l’entourent avec leur tessiture propre.
Pour clore, le 10 avril, ce sont trois voix méditerranéennes, Patricia Bovi, Françoise Atlan, Fadia Tomb El-Hage qui nous offrent des chants sacrés chrétiens, juifs et musulmans issus du patrimoine méditerranéen, « des mélodies rayonnantes et colorées, souvent joviales et enveloppées d’une rythmique entraînante, toujours empreintes d’une gravité intense ». La première, est spécialiste des musiques médiévales, mais aussi directrice de l’ensemble italien Micrologus, et harpiste. La dernière, grande chanteuse libanaise, l’a rejointe ainsi que Françoise, enracinée dans les musiques judéo-espagnoles et judéo-arabes. Elles nous emmènent à la découverte de l’expression chantée des monothéismes : chants soufis, chants juifs, chants chrétiens d’Orient et d’Occident, loin des frontières et des dogmes. Oud ou luth et percussions complètent la harpe pour l’accompagnement musical instrumental.
Michel Grialou
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Jordi Savall © Toni Peñarroya
Les Passions © JJ Ader
Ensemble Baroque © Benoit Michellod