Parmi les grands compositeurs qui ont renouvelé le langage musical du XXème siècle, L’Italien Luciano Berio occupe une place particulière. Figure clé de la musique italienne d’après-guerre, Luciano Berio est l’un des compositeurs de musique expérimentale et électronique les plus prolifiques du XXe siècle. Ses œuvres interrogent à la fois les sphères musicales, culturelles et historiques. Le 8 février, le Théâtre du Capitole accueille le Chœur de chambre Les éléments, sous la direction de Joël Suhubiette, et l’ensemble instrumental Ars Nova, dirigé par Jean-Michaël Lavoie pour un hommage au grand compositeur.
Luciano Berio et son épouse et interprète Cathy Berberian © Landesarchiv-Baden-Wurtemberg
« Je m’intéresse à une musique qui crée et développe des relations entre des points très éloignés, à travers un parcours de transformations très larges » (Luciano Berio, Entretiens avec Rossana Dalmonte). D’une étonnante diversité, l’œuvre du compositeur constitue un véritable résumé de la recherche musicale dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a en effet mis à profit toutes les techniques, du sérialisme à l’électroacoustique, tout en manifestant, sa vie durant, une prédilection pour la voix.
Le concert du jeudi 8 février, coproduction du Chœur de chambre les éléments, de l’ensemble Ars Nova et d’Odyssud-Blagnac, associe trois œuvres essentielles du compositeur italien. Les deux ensembles proposent de visiter la musique vocale de Luciano Berio sous l’angle poétique, si ce n’est théâtral.
Rappelant de lointains Cris de Paris de Clément Janequin, le cycle Cries of London (1976), pour 8 voix a cappella, se présente comme un madrigal des temps modernes, composé à partir de cris de marchands du vieux Londres. Il s’agit là d’une succession de sept morceaux vocaux de caractère populaire, où alternent régulièrement morceaux simples et morceaux musicalement plus complexes.
Composé en 1964, Folk Songs révèle la capacité de Berio à convoquer le genre populaire dans toute sa singularité et sa richesse sémantique. Ce cycle de mélodies contient des arrangements de musique populaire de plusieurs pays ainsi que d’autres chansons, formant « un tribut à l’extraordinaire sens artistique » de la chanteuse américaine Cathy Berberian, compagne de Berio et spécialiste de sa musique. La partition est écrite pour voix, flûte (aussi piccolo), clarinette, harpe, alto, violoncelle et percussion (deux instrumentistes). Joël Suhubiette a choisi d’interpréter les 11 numéros par 4 voix de femmes du Chœur de chambre.
Le Choeur de chambre Les éléments dirigé par Joël Suhubiette © François Passerini
Enfin, Laborintus II, composé en 1965 à l’occasion du 700ème anniversaire de la naissance de Dante, fait état de toute la richesse stylistique de Berio. Les thèmes dantesques de la mort, du désespoir, de la mémoire, jalonnent un parcours fait d’entités autonomes et/ou structurelles selon le riche principe du catalogue de références qui, dans ce cas précis, combine écriture vocale, instrumentale, techniques de jeu musical comme scénique, narration dramatique et musique électronique. L’œuvre est composée pour trois voix de femme solistes, récitant, huit chanteurs/acteurs, flûte, trois clarinettes, trois trompettes, trois trombones, deux percussionnistes, deux harpes, deux violoncelles, contrebasse et bande magnétique. Elle peut être approchée, selon les termes du compositeur, « comme une histoire, une allégorie, un documentaire, une danse ».
Fosco Perinti sera le récitant. Le Chœur de chambre Les éléments sera dirigé par Joël Suhubiette et l’ensemble instrumental Ars Nova par Jean-Michaël Lavoie.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Informations sur le Choeur de chambre Les éléments
http://www.les-elements.fr/
Renseignements sur le Théâtre du Capitole
www.theatreducapitole.fr