À Toulouse et à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse interprète des œuvres de Tchaïkovski, Glazounov et Chostakovitch, sous la direction de Tugan Sokhiev.
Lors d’un concert toulousain «Happy Hour» du samedi après-midi proposé par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev dirigera à la Halle aux Grains la suite tirée du ballet « le Lac des cygnes », de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, l’écriture de musiques de ballets étaient confiée à des compositeurs connus et spécialisés dans le genre. Ils usaient de figures imposées, livrant des mélodies de circonstance, claires, enjouées, rythmées. Avant de composer son « Lac des cygnes », Tchaïkovski se pencha donc sur la musique de ces compositeurs, tel l’Italien Cesare Pugni ou le Viennois Leon Minkus. Il fut alors impressionné par l’infinie variété de leurs mélodies, et tomba surtout en admiration pour la musique de Leo Delibes ou celle d’Adolphe Adam, puis quelques années plus tard de Riccardo Drigo. Dans « le Lac des cygnes », puis « la Belle au Bois Dormant » en 1890, Tchaïkovski reprit le procédé du leitmotiv utilisé par Adolphe Adam pour le ballet « Giselle », en 1844, qui associe des thèmes à un personnage ou une atmosphère. « Le Lac des cygnes »est créé en 1877, au Théâtre Bolchoï de Moscou – dont la direction musicale est actuellement assurée par le maestro Sokhiev. C’est pourtant un échec, notamment en raison des lourdeurs d’un livret inspiré d’un conte allemand. En 1895, le succès est enfin au rendez-vous grâce à la création de la version des chorégraphes Marius Petipa et Lev Ivanov.
Pour un autre programme de musique russe, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse invite de nouveau à ses côtés Vadim Repin (photo), génie russe du violon. Sous la direction de Tugan Sokhiev, à la Halle aux Grains de Toulouse et à la Philharmonie de Paris, il interprètera le Concerto d’Alexandre Glazounov. L’œuvre la plus connue du compositeur a été écrite en 1904, pour le musicien hongrois Leopold Auer. Construite en quatre mouvements enchaînés, cette page à la fois virtuose et d’une élégance raffinée, noble et lumineuse, sera créée l’année suivante à Saint-Pétersbourg par Auer et la Société musicale Russe dirigée par le compositeur. Trois semaines auparavant, la ville avait subi les massacres du Dimanche rouge marquant les débuts de la révolution de 1905: les troupes tsaristes tirèrent sur la foule de manifestants. Soutenant publiquement les étudiants contestataires, Glazounov fut licencié du Conservatoire de Saint-Pétersbourg où il enseignait, avant d’être réintégré à la suite de la mobilisation massive des élèves et de ses collègues. Par la suite, lorsque le directeur de l’établissement fut remercié, il fut remplacé par Glazounov.
Le programme se poursuivra avec la Douzième symphonie de Dimitri Chostakovitch, créée en 1961 et intitulée « L’Année 1917 ». Débutée en 1960 pour le 90e anniversaire de la naissance de Lénine, elle devait prendre la forme d’une œuvre chorale illustrant la vie du leader politique. Finalement, Chostakovitch décide de s’intéresser aux événements de la Révolution russe de 1917. Elle est dédiée à Lenine, et ses quatre mouvements sont joués sans interruption. Ceux-ci évoquent la Révolution russe avec un sens de l’épopée et un traitement des forces instrumentales particulièrement efficaces : La ville de Petrograd où régnait une ambiance euphorique et survoltée ; Razliv est la villégiature où Lénine prépara la révolte dans la clandestinité ; l’Aurore est le nom du cuirassé qui donna le signal de l’attaque contre le Palais d’hiver ; L’Aube de l’Humanité est la description de l’atmosphère post-révolutionnaire.
Jérôme Gac
Concerto de Glazounov par V. Repin (violon), Symphonie n° 12 « L’Année 1917 » de Chostakovitch par l’ONCT et T. Sokhiev (direction) :
Lundi 5 mars, 20h00, à la Halle aux Grains,
place Dupuy, Toulouse. Tél. : 05 61 63 13 13.
Mardi 6 mars, 20h30, à la Philharmonie de Paris,
221, avenue Jean-Jaurès, Paris. Tél. : 01 44 84 44 84.
Diffusion en ligne, en direct de la Philharmonie de Paris
Suite du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski, samedi, 10 mars, 18h00,
à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse.
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photo : V. Repin © Gela Megredlidze