Downsizing, un film d’Alexander Payne
Matt Damon en pleine discussion avec un « downsizing »
Ce réalisateur américain avait le projet de Downsizing en tête depuis près d’une dizaine d’années. C’est dire s’il l’a mûri ! Trop peut-être…
Le pitch est plutôt original. Des chercheurs ont trouvé la solution à tous les maux de la planète. Celle-ci est surpeuplée, donc l’avenir nous réserve des pénuries non seulement en termes de ressources énergétiques mais aussi, et plus grave, en matière d’eau et de nutrition. Ajoutons à cela la prolifération exponentielle des déchets et vous avez un tableau apocalyptique sous les yeux. A vrai dire, tout n’est pas faux dans cette fiction. La solution est donc de consommer moins et pour cela quoi de mieux que de réduire l’espèce humaine à une taille adulte d’environ 12 cm.
La formule étant trouvée, la Terre se peuple de communautés de lilliputiens vivant dans des villes à leur taille, villes protégées des intempéries tout de même. Une fois installé dans ces sites urbains idylliques, vous disposez de votre argent d’avant mais celui-ci, vu vos besoins, a été multiplié par mille en termes de pouvoir d’achat. Le paradis ! Enfin, le paradis, si l’on veut car très rapidement notre héros, Paul (Matt Damon parfait en américain moyen) se rend compte que les strates sociales se sont reconstituées, de même que la corruption, les combines, etc. Avouons que le thème est original et peut largement ouvrir à bien des digressions philosophiques, environnementales, politiques ou autres.
En fait, Alexander Payne, au bout d’une demi-heure, décide d’inclure dans le scénario une aventure sentimentale entre Paul et Ngoc (Hong Chau), une activiste chinoise amputée d’une jambe ! Ngoc fait sortir Paul de sa zone de confort pour l’amener vers les laissés pour compte de ce rêve trop beau pour être vrai. Des dérives aux apparences sectaires vont également faire in fine leur apparition, finissant de plomber de façon rédhibitoire une histoire qui avait pourtant tout pour nous faire décoller.
Bien sûr, à l’image, le mélange des « petits » et des « grands » est plutôt réussi, sans être vraiment novateur en matière d’effets spéciaux. Dans le casting, Christoph Waltz s’accapare avec gourmandise d’un personnage style mafieux russe continuant ses trafics malgré sa petite taille.
Ce réalisateur nous avait ébloui littéralement en 2004 avec l’excellent Sideways. En 2011 The Descendants n’était, ou à peu près, qu’une ode en creux à George Clooney. Le dernier opus de ce cinéaste, ici également scénariste, laisse perplexe. A trop vouloir convoquer de sujets à l’écran, il a fini par les noyer dans une sorte de pamphlet écolo sur l’extinction de la race humaine qui fait chavirer le paquebot de ses ambitions.
Robert Pénavayre
Alexander Payne – Un intellectuel derrière la caméra
C’est au cœur des Etats Unis, dans le Nebraska, que ce petit-fils d’immigrants grecs voit le jour en 1961. Diplômé en Histoire et en Littérature espagnole de l’Université de Stanford, aujourd’hui la plus sélective des USA devant Harvard, Alexander ajoute à ses diplômes une maîtrise de cinéma. En fait son parcours est tout tracé dans le 7ème art. Il va ainsi s’afficher en tant que réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur. Multi-récompensé pour son activité scénaristique, dont un Oscar dans ce domaine, il lui reste cependant à s’imposer comme un cinéaste important. Mais ceci est une autre affaire…