Chaque mercredi, nous évoquons à travers une vidéo une chanson connue ou méconnue, revisitée ou immortalisée.
Nous avions commencé l’année 2017 (et cette chronique) avec Frank Sinatra, nous la terminons avec lui. Comment faire autrement ? Sacré Frankie. Il est mort à temps. Notre époque avec son buzz, ses lynchages via les réseaux sociaux, sa délation numérique à portée de tous aurait eu raison du plus grand chanteur du XXème siècle. On lui aurait reproché ses amitiés avec des pontes de la Mafia, on lui aurait trouvé des enfants illégitimes, on aurait épinglé son goût pour la boisson et les très jolies femmes, on en passe. Avec ses copains dissipés du Rat Pack, il appliquait une devise qui aujourd’hui attirerait les foudres des gouvernements vertueux et des ligues sanitaires : « Avoir trois verres d’avance sur le monde entier. »
En cette fin d’année, on aurait pu choisir parmi ses standards un It Was a Very Good Year de circonstance, mais Fly Me to the Moon convient bien aussi. Composée en 1954 par Bart Howard, la chanson devient un tube en 1965 quand « Ol’ Blue Eyes » l’enregistre avec l’orchestre de Count Basie. Il faut d’ailleurs écouter la version studio et ses chorus de cuivres supersoniques. En voici une version en public de 1969. Aller sur la Lune ne relève plus alors du rêve. Cependant, Fly Me to the Moon n’a rien perdu de sa magie. Clint Eastwood s’en souviendra pour la magnifique scène finale de Space Cowboys. Si vous ne tapez pas du pied ou ne claquez pas des doigts en entendant ça, c’est que vous êtes mort.