La saison toulousaine des Grands Interprètes invite le contre-ténor Philippe Jaroussky avec son ensemble Artaserse à la Halle aux Grains, pour un récital exclusivement dédié à Haendel.
Philippe Jaroussky (photo) est actuellement en tournée européenne avec son Ensemble Artaserse. Ils sont attendus notamment à l’Opéra royal du château de Versailles et à la Halle aux Grains de Toulouse, à l’invitation des Grands Interprètes, pour un récital exclusivement dédié à Georg Friedrich Haendel. Au menu de cette soirée, des pages symphoniques tirées d’opéras et des extraits de Concertos grossos du compositeur alterneront avec des airs d’opéras. Comme Jean-Sébastien Bach, Haendel est né en Allemagne en 1685. Formé à l’opéra italien alors en vogue en Europe, il s’installe en 1710 à Londres, où la vie musicale a sombré dans une certaine monotonie depuis la mort de Henry Purcell, quinze ans plus tôt. Il y trouve aussitôt le succès avec « Rinaldo », premier opera seria composé pour cette ville. Naturalisé anglais, il y livrera de multiples ouvrages lyriques, oratorios, cantates, etc. Il devient alors le chef d’orchestre de la Royal Academy of Music, compagnie lyrique financée par plusieurs dizaines d’aristocrates actionnaires qui rayonna dans la capitale de 1720 à 1728. Le succès fut tel qu’on y produira 34 ouvrages, dont quatorze de Haendel, avec 460 représentations au total.
Pour constituer le programme de son récital, Philippe Jaroussky a principalement puisé dans quatre œuvres créées au cours de cette courte période de rayonnement de la Royal Academy of Music: Radamisto » (1720) est inspiré des « Annales » de Tacite, où Radamisto et son épouse Zénobie sont assiégés par le roi d’Arménie Tiridate, amoureux de celle-ci ; « Flavio, ré de’ Longobardo » (1723), d’après un livret de Matteo Noris, lui-même inspiré notamment du « Cid » de Corneille ; « Siroe, re di Persia » (1728), dont le livret est une adaptation de celui de Matastase mis en musique maintes fois ; « Tolomeo, re d’Egitto » (1728), dont le livret s’inspire de celui qui servit en 1711 à Domenico Scarlatti pour son opéra, où Ptolémée IX est exilé à Chypre après avoir été déposé par sa mère, la régente Cléopâtre III Évergète, au profit de son frère cadet Alexandre.
Le célèbre contre-ténor français interprètera plusieurs pages virtuoses tirées de ces ouvrages et écrites pour le castrat Senesino, principale tête d’affiche de la Royal Academy of Music. Brillant partout sur le continent, Francesco Bernardi (1686-1759), dit «Il Senesino», était natif de Sienne. Engagé par Haendel comme Primo Uomo, il remplissait les caisses de l’Academy et forgea le style du compositeur qui l’habillait sur mesure d’envolées lyriques extraordinaires.
On entendra aussi un air de « Giustino », ouvrage représenté pour la première fois en 1737 sur un livret mis en musique par Antonio Vivaldi treize ans plus tôt. On y suit l’histoire d’un jeune laboureur qui apprend par la voix d’une déesse qu’un destin d’envergure l’attend – il est appelé à être l’empereur de Byzance. Philippe Jaroussky chantera également un extrait de « Imeneo », avant dernier opéra de Haendel daté de l’année 1740, qui est une variation sur la légende d’Hymen, Dieu grec du mariage. L’écriture étant contemporaine de l’oratorio « Saul », créé l’année précédente, le compositeur réutilise la musique de l’œuvre antérieure pour la destiner à certains airs figurant dans « Imeneo ». Désertant l’opéra, Haendel poursuivra sa carrière en livrant notamment de nombreux oratorios.
Jérôme Gac
Les Grands Interprètes
Ensemble Artaserse
Philippe Jaroussky (contre-ténor)
Halle aux Grains,
jeudi 30 novembre 2017 (20h00)
Mécénat / Partenariats
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Tel : 05 61 21 09 61
Philippe Jaroussky © Simon Fowler