Carbone, un film d’Olivier Marchal
La tva sur les droits à polluer, cela vous rappelle quelque chose ? Votre portefeuille, lui, s’en souvient car cette affaire a coûté au contribuable français la bagatelle de 2 milliards d’euros !
Gérard Depardieu et Benoît Magimel
A la fin des années 2000, quelques personnes mal intentionnées réalisent que le Ministère des Finances leur ouvre les bras et la caisse en même temps. Le « truc » est simple. Il s’agit d’acheter des droits à polluer, appelés quotas, par le biais de sociétés fantômes. Vous « payez » donc de la tva que vous vous faites immédiatement rembourser par l’Etat. Le temps que ce dernier réagisse, vous vous évaporez dans la nature avec le fric. Et voilà l’affaire. Au niveau européen, l’astuce, si l’on peut dire, a généré près de 10 milliards de fraude. Certes, pas mal de gangsters en col blanc sont sous les verrous, d’autres en attente de jugement, d’autres recherchés, d’autres décédés de mort violente. C’est sur les pas de cette dernière option que nous amène Olivier Marchal. Ce n’est pas un secret car l’image finale nous est révélée dans la séquence initiale. Ou presque…
Antoine (Benoît Magimel, les traits fatigués mais toujours juste) doit déclarer son entreprise en faillite. Il fréquente le monde de la nuit et toute la faune y afférente. C’est là qu’il rencontre le diable en apprenant le trafic sur les quotas de carbone. Mais pour se lancer, il faut une mise minimum, qu’il n’a pas. Antoine va mettre alors le doigt dans le grand banditisme. Au début tout marche bien et l’argent coule à flot. Mais dans ce milieu la parole donnée est éphémère et Antoine va l’apprendre à ses dépens.
Nous voilà au cœur d’un polar à la française de la meilleure eau, avec ripoux, milliardaire (Gérard Depardieu que l’on a connu plus incisif), tenancière plus vrai que nature (Dani, épatante), bras cassés explosifs (Gringe et Idir Chander formidables), comptable véreux (Michaël Youn, crédible), toute une panoplie réjouissante. Sans trop s’attarder sur la complexité du montage financier, et il a raison, Olivier Marchal n’en détaille pas moins l’effet atomique et potentiellement dangereux. Bougrement efficace !
Robert Pénavayre
Carbone – Réalisateur : Olivier Marchal – Avec : Benoît Magimel, Gringe, Gérard Depardieu, Dani…
Olivier Marchal – Un flic au cinéma
Le Collège des Jésuites de Bordeaux doit certainement compter sur le doigt d’une seule main ses élèves qui sont passés de la Police au 7ème art. C’est pourtant le cas de l’un d’eux, un fils de pâtissier qui cultive durant toute sa jeunesse l’envie d’être policier et de faire du cinéma. En fait c’est la Brigade criminelle de Versailles qui l’accueille en premier. Nous sommes en 1980, Olivier vient d’avoir 22 ans. Entre la Section antiterroriste et la Brigade de nuit plus tard, Olivier suit des cours d’art dramatique. Il fait ses débuts à l’écran en 1988. Vite repéré, il va devenir une figure récurrente des séries policières tv. La réalisation le tente. Il finit par craquer en 2002 et signe son premier long, un thriller hyper documenté. On s’en doute. Et voilà sa carrière lancée. Adieu pistolets et menottes, à lui caméra et projecteur. Et le succès !