Le festival Danses et Continents Noirs entame sa 19e édition. Cette année, la programmation explore la notion du « sacré » sous toutes ses formes. Religieux ou pas, en lien avec les traditions, elle nous interroge aussi sur notre société. De quoi élever nos esprits !
Sacré et religion
Quand on évoque le « sacré », on pense tout de suite à la religion. James Carlès, le directeur artistique du festival, s’empare de cet aspect à travers deux pièces. D’abord, celle écrite pour lui par Mark Tompkins, Holy Roller – Psaumes#1 (le 7 novembre). Le chorégraphe américain questionne la notion du religieux avec le ton mordant et drôle qui le caractérise. Dans la deuxième pièce, Vêpres#1, la compagnie de James Carlès s’associe à un autre artiste, Emmanuel Pi Djob, demi-finaliste de l’émission « The Voice » en 2013 et initiateur du renouveau du gospel en France depuis plusieurs années. Vêpres#1 raconte l’histoire du gospel dans une création mêlant musique et danse (le 10 novembre).
La question de la religion est étroitement liée à l’expérience personnelle de James Carlès : « J’ai eu un père musulman, une mère chrétienne, des grands-parents animistes … ça a été extrêmement perturbant », confie le danseur. « Aujourd’hui ce ne sont plus des sources de conflit pour moi en tant qu’individu, mais ça l’est toujours dans notre société ».
Élargir la notion de sacré
Les autres pièces du festival proposent d’autres visions du sacré : « En travaillant sur le sacré, je me suis aperçu que cela dépassait le cadre du religieux. Tout ce qui est sacré n’est pas forcément religieux et inversement », ajoute James Carlès. Champs de Sons, d’Emil Abossolo-Mbo (le 3 novembre) parle de spiritualité à travers un jeune garçon qui passe son enfance auprès de son grand-père et qui découvre en entrant à l’école d’autres manières de concevoir l’Univers. La danseuse Sophiatou Kossoko interroge le poids des traditions dans La Tactique du Vautour (le 9 novembre), quand Nassima Moucheni, elle, questionne le statut des femmes (Mar’A, le 8 novembre).
Si James Carlès a choisi le thème du sacré, c’est aussi pour réfléchir à la notion de relation : « une relation que je sens malmenée dans notre société ». Pour faire écho à cette réflexion, le festival présente aussi Stimule, de la compagnie M.0 (le 2 novembre). Une pièce qui questionne le positionnement de chacun face à la société actuelle et face aux violences qu’elle engendre.
Merlin Nyakam à l’honneur
Chaque année le festival Danses et Continents Noirs remet le Prix International Elsa Wolliatson à un chorégraphe. A l’occasion de cette 19e édition, c’est Merlin Nyakam qui a été choisi. Après avoir intégré le Ballet National du Cameroun à 14 ans, il a notamment évolué au sein de la compagnie de José Montalvo et Dominique Hervieu. Il est actuellement professeur de danse africaine.
Léa Guichou
Festival Danses et Continents Noirs, jusqu’au 10 novembre 2017.
Le programme complet est à retrouver ici.