Le muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse nous propose, jusqu’au 29 avril 2018, une percée dans l’univers méconnu des rapaces. Soixante et un spécimens et une déambulation en cinq étapes.
Plongeant sur une proie, prenant son envol ou posant fièrement sur une branche, le rapace est depuis le 11 octobre l’oiseau star du muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse. L’exposition a pour ambition de faire découvrir à ses visiteurs l’un des patrimoines naturels de la région et de les sensibiliser à la cause de ces espèces menacées, peu connues, souvent prises pour cible ou fantasmées.
Adapté de l’exposition Bec et ongles représenté au musée d’Histoire Naturelle de Bagnères de Bigorre en 2013, Rapaces enrichit le projet initial avec une collection plus large d’espèces. L’exposition réunit des oeuvres prêtées par les musées Georges-Labit et Saint-Raymond pour enrichir la dimension culturelle de la collection. En parallèle, un parcours sur la mythologie des rapaces invite le spectateur à découvrir l’univers symbolique de ces animaux et leur importance dans notre histoire culturelle.
Un bestiaire mythologique foisonnant
«Notre volonté était d’intéresser un très large public, explique Gaëlle Cap, commissaire de projet. Pour cette raison nous avons associé une dimension archéologique, mythologique et symbolique, aux questions naturalistes. » Une sculpture en bronze à l’effigie du dieu Horus, une évocation du mythe d’Icare, une représentation des terrifiantes Harpies mangeuses d’hommes au fabuleux Phoenix, ponctuent la découverte des visiteurs tout en long du parcours. Un bestiaire mythologique foisonnant qui s’achève par un vol en immersion où un grand écran incurvé embarque les curieux à dos d’aigle au-dessus des Pyrénées.
Les ailes du futur
Et si nos avions pouvaient emprunter les techniques de vol aussi sophistiquées que celles des rapaces ? C’est le projet innovant que s’est lancé Airbus pour son prochain A320 présenté au muséum. En étudiant les physiologies des aigles, l’entreprise aéronautique a réalisé des ailes d’avion capables de se déformer à la façon de celles des oiseaux. Une façon innovante d’accroître les performances aérodynamiques et réduire les nuisances sonores.
« Les mal aimés de la création »
Au cœur de l’exposition, une volonté de prévention est mise en valeur. Alain Bougrain Dubourg, Président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et partenaire de l’exposition, souhaite nous éclairer sur l’avenir de ces animaux aujourd’hui menacés : empoisonnement, tir, électrocution, trafic routier, destruction des habitats naturels… «Ce qui me touche particulièrement c’est que l’on a affaire à des oiseaux qui étaient les mal aimés de la création. Gamin, j’ai très souvent vu des chouettes effraies clouées – parfois vivantes – aux portes des granges pour «conjurer le sort». D’autres se faisaient attraper la patte de façon odieuse et insupportable par des pièges à mâchoires. Ce sont des animaux qui ont été persécutés, tués, exhibés… et enfin on leur reconnaît le droit de vie. C’est une bonne chose.»
Une réhabilitation nécessaire pour dévoiler l’utilité des rapaces dans notre environnement : «Je crois qu’on arrive à leur reconnaître un rôle et à s’étonner de leurs capacités, de leur beauté. C’est un moment de réconciliation qui est très agréable». Trônant à l’entrée de l’exposition, une statue en bronze d’Antoine Bourdelle, représentant l’enfant Hannibal enlevant un aigle renverse symboliquement le stéréotype longtemps attribué aux oiseaux ravisseurs. Alain Bougrain Dubourg s’en amuse : «Vous voyez bien que les rapaces ne sont pas que des méchants ».
Claire Eckersley
Exposition Rapaces
du 11 octobre 2017 au 29 avril 2018
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