La dix-huitième saison des Clefs de Saint-Pierre s’ouvre le lundi 2 octobre prochain. Les concerts de musique de chambre des membres de l’Orchestre national du Capitole font depuis longtemps partie des rendez-vous incontournables du riche panorama musical toulousain. Ces traditionnels lundis soirs, au cours desquels artistes et public se retrouvent comme pour une réunion amicale, proposent toujours des programmes originaux, des associations instrumentales rares, dans une convivialité chaleureuse et contagieuse.
Le concert d’ouverture, intitulé « Aux confins du romantisme » fait appel aux pupitres de cordes de l’orchestre.
Ces concerts conviviaux s’accompagnent d’une complicité totale entre les musiciens d’une part, et entre les musiciens et le public, d’autre part, devenus, au cours des semaines, amis et partenaires. Les artistes issus de la grande formation symphonique toulousaine, qui s’impliquent avec ferveur dans cette démarche, possèdent d’indéniables qualités individuelles. De plus, leur réunion et le plaisir évident qu’ils prennent à se lancer des défis apportent en outre ce supplément d’âme qui fait la spécificité de ces concerts. A côté des musiciens chevronnés, les jeunes membres, récemment recrutés au sein de la formation symphoniques, s’avèrent d’ardents participants à cette démarche stimulante.
Le concert du 2 octobre réunit toutes les sections de cordes de l’orchestre. Quatre violons, Sharon Roffman, Audrey Loupy, Guilhem Boudrant et Quentin Debroeyer, deux altos, Vincent Cazanave-Pin et Anne-Sandrine Duchêne, un violoncelle, Marie Girbal, et une contrebasse, Damien-Loup Vergne, s’associent pour faire revivre une période charnière du romantisme musical. Deux octuors à cordes, celui de Mendelssohn et celui de Max Bruch, sont inscrits au programme.
L’Octuor en mi bémol majeur op. 20 achevé par Mendelssohn le 15 octobre 1825, à l’âge de seize ans, est une œuvre d’une incroyable maturité. Ce chef-d’œuvre enchantait Schumann qui déclara : « Ni dans les temps anciens, ni de nos jours on ne trouve plus grande perfection chez un maître aussi jeune ». D’une grande maîtrise formelle et d’une richesse thématique remarquable, jamais encore une œuvre de musique de chambre n’avait à ce point rayonné de jeunesse, de fougue et de passion. A l’instar de Mozart, Mendelssohn manifesta très tôt des dons d’enfant prodige, notamment dans le domaine de la musique de chambre. Cette partition témoigne déjà d’une maturité insurpassable.
Contrairement à Mendelssohn, Max Bruch (1838-1920) n’écrit pas son Octuor en si bémol majeur durant sa jeunesse, à l’époque de son œuvre la plus populaire, son Concerto pour violon Op.26 n°1, qui lui assurera la postérité, mais dans les derniers mois de sa vie. Publié seulement en 1996, cet opus posthume vient couronner un catalogue bien fourni dans le domaine chambriste (trio, quatuor, quintette, etc.). Cette partition est en fait la transcription d’un quintette en si bémol majeur. Bien que composée dans une période difficile (son épouse vient de décéder) elle témoigne d’un romantisme heureux et optimiste.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Aux confins du romantisme
lundi 2 octobre 2017
Auditorium Saint-Pierre des Cuisines