Avec Les Proies Sofia Coppola signe son 6ème film. Adapté du roman de Thomas P. Cullinan, l’histoire raconte l’intrusion d’un soldat blessé dans un pensionnat.
Un drame au cœur de la guerre de sécession
Sans la voir, la guerre est présente tout au long du film et a pour conséquence de créer un huit clos dans un pensionnat de jeunes filles. Dans la vieille bâtisse, seules demeurent cinq pensionnaires qui n’avaient nul autre endroit pour se réfugier, ainsi que Miss Edwina Morrow (Kirsten Dunst), professeur silencieuse et réservée et Miss Farnsworth (Nicole Kidman) austère directrice qui veut protéger ses pensionnaires.
Leur vie semble paisible comme laisse paraître la première scène qui s’ouvre sur une promenade champêtre. Amy jeune fille du pensionnat sifflote tout en ramassant des champignons, au loin le son des canons qui vient perturber son chant enfantin. Soudain elle découvre un soldat blessé, le caporal McBruney (Colin Farrell) qui se dissimule sous un arbre.
Amy décide de le ramener au pensionnat. L’intrusion de cet homme dans ce lieu confiné va tout basculer…
Convoitise et jalousie
Le caporal McBruney perturbe le quotidien qui paraissait si bien huilé, et intrigue les jeunes filles. Tour à tour s’opère un jeu de séduction, auquel le soldat n’est pas étranger.
Sofia Coppola pénètre les sentiments intimes de ce groupe de femme où la tension est grandissante. En effet, c’est la vision des femmes qui compte ici contrairement à la première version Des Proies de Don Siegel, en 1971, qui se plaçait plutôt du point de vue du soldat (Clint Eastwood).
Le huit clos n’est pas sans rappeler le premier long-métrage de la réalisatrice, The Virgin suicides. On retrouve Kirsten Dunst au casting, ainsi que les sentiments complexes et les destins troublés des sœur Lisbon. A noter quelques différences cependant, alors que Virgin suicides traitait de l’adolescence, Les Proies met en scène des femmes de trois générations, faisant référence à divers stades de la vie.
Un remake qui sème le trouble
Cette histoire, somme toute, classique provoque la polémique. En cause, le manque de diversité culturelle au casting. Dans le film, les personnages de couleur -présents dans le roman- sont évincés, faisant affirmer aux détracteurs de la réalisatrice que ce choix est voulu et même raciste. La polémique est-elle justifiée ? Nous laisserons le spectateur seul juge…
Quoiqu’il en soit, la critique reste essentiellement unanime pour dire que l’histoire est parfaitement menée de bout en bout par des personnages bien travaillés et avec un casting excellent. Les petites pensionnaires sont très attachantes et les personnages portés par Kirsten Dunst, Elle Fanning et Nicole Kidman dressent un portrait féminin tout en relief et en émotion.
La mise en scène superbe, qui a remporté un prix au festival de Cannes, est épurée et très poétique. Avec ce 6ème long-métrage Sofia Coppola affine encore un peu plus son univers.
Sylvie V.