Elisabeth Leonskaja compte parmi les pianistes les plus célébrées, les plus recherchées de notre époque. Née d’une famille russe à Tbilissi en Géorgie, elle donna ses premiers concerts à l’âge de 11 ans. Son talent peu commun lui ouvrit les portes du Conservatoire de Moscou. Alors qu’elle y était encore étudiante, elle gagna des prix aux concours internationaux de renom : Enesco, Marguerite Long et Reine Elisabeth.
L’évolution musicale d’Elisabeth Leonskaja a été marquée par sa coopération avec Sviatoslav Richter. En 1978, la pianiste quitta l’Union Soviétique pour s’établir à Vienne.
Elisabeth Leonskaja a joué en soliste avec pratiquement tous les orchestres de premier plan comme les New York, Los Angeles, London and Royal Philharmonic Orchestras, Cleveland, Tonhalle Zurich, Philharmonique de Berlin, Gewandhaus Leipzig, les orchestres de radio BBC, Hambourg, Cologne et Munich sous la direction des grands chefs comme Kurt Masur, Sir Colin Davis, Christoph Eschenbach, Christoph von Dohnany, Kurt Sanderling, Maris Jansons et Yuri Temirkanov. Elisabeth Leonskaja est régulièrement l’hôte fort appréciée des principaux festivals comme ceux de Salzbourg, Vienne, Lucerne, Schleswig-Holstein, Schwarzenberg, mais aussi des soirées pianistiques dans les grandes métropoles de la musique comme Paris, Madrid, Barcelone, Londres, Edimbourg, Moscou, Munich, Zurich ou Vienne. Elle consacre une part importante de son activité à la musique de chambre. Une discographie considérable témoigne du haut niveau artistique de cette pianiste. Un cycle des Sonates de Schubert vient de paraître sous le label berlinois eaSonus.
Le grand compositeur André Boucourechliev écrivit dans la revue Diapason : « Le chemin de Leonskaja est un chemin de cimes. Par le dépassement de soi, l’exigence, la passion et l’intelligence, elle se place au rang des plus grands, non seulement d’aujourd’hui mais de l’époque : au rang d’une Clara Haskil ou d’un Lipatti, la modernité en plus ». – Revue Diapason
Invitée pour l’ouverture de la 38ème édition du Festival Piano aux Jacobins, Elisabeth Leonskaja a aimablement accepté de répondre à nos questions.
Classictoulouse : C’est un grand plaisir pour Toulouse et tous les mélomanes de vous recevoir une fois encore. Une longue histoire vous lie à notre ville, aussi bien avec Piano aux Jacobins qu’avec l’Orchestre national du Capitole. Comment considérez-vous cette relation ?
Elisabeth Leonskaja : Dès ma première venue à Toulouse, j’ai été ravie par l’ambiance des Jacobins. La chapelle, le cloître, le public si amoureux de musique… La ville possède un grand charme : le magnifique accompagnement apporté par l’Orchestre (l’expérience de l’opéra !), et par-dessus tout ma rencontre avec Tugan Sokhiev, l’un de mes chefs d’orchestre favoris.
: Comment avez-vous décidé de consacrer votre vie à la musique et au piano ? Quelle sont les personnalités qui ont joué un rôle majeur dans le développement de votre carrière ?
E. L. : Ce fut un lent processus. A l’âge de sept ans, quand on commence, on ne pense pas à sa carrière ni aux décisions à prendre pour sa vie. Mais vers douze ou treize ans, j’ai réalisé que c’était sérieux. Et je n’ai jamais considéré si le chemin que j’empruntais était le bon ou pas. Tout cela est devenu de plus en plus intéressant.
Bien sûr, mes professeurs ont été des guides importants pour moi. Mais la figure capitale, qui me paraît encore aujourd’hui inatteignable, reste Sviatoslav Richter. Les concerts auxquels j’ai pu assister ont également été très importants. Je porte encore en moi certains d’entre eux, dans mon cœur et dans mon esprit.
: Comment a évolué votre répertoire depuis votre premier concert ? Quels sont vos compositeurs favoris ?
E. L. : Le répertoire est devenu de plus en plus large. En comparaison avec mes collègues, je joue moins de musique russe. La variété de ce répertoire laisse de côté la question « Qui est mon compositeur favori ? » Tout est important et fascinant lorsqu’on en découvre le sens profond.
: Récital, musique de chambre ou concert avec orchestre, quelles est la différence pour vous et avez-vous une préférence ?
E. L. : Aucune préférence – je suis enthousiaste pour tout – chaque constellation est la bienvenue ! Seule diffère la tâche à accomplir.
: Comment établissez-vous le programme d’un récital ? Et celui d’un concert avec orchestre ?
E. L. : Chaque programme en solo devrait suivre une idée. C’est la libre décision du soliste. C’est différent avec un orchestre. Soit on vous demande de jouer une certaine œuvre, soit la suggestion du soliste est acceptée.
: Votre récital d’ouverture du festival Piano aux Jacobins 2017 est consacré à Franz Schubert. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots les raisons de votre choix et de celui des œuvres que vous avez décidé de jouer ?
E. L. : Les sonates de Schubert tiennent un rôle majeur dans mon répertoire. Je les joue toutes. Les sonates les moins jouées possèdent des idées intéressantes et s’avèrent fortes en expression. Les contrastes s’y manifestent aussi bien dans le caractère que dans la dynamique et dans l’expression.
Le programme présente la Sonate de jeunesse inachevée en fa mineur, puis la Wanderer Fantaisie. Dans la seconde partie, je jouerai la célèbre Sonate en la mineur, l’une des premières dont Schubert autorisa la publication, et qui, je pense, est fortement inspirée par Beethoven.
Un grand voyage…
Merci infiniment pour ces réponses.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Festival International Piano aux Jacobins
Réservations : 05 61 22 40 05
Mail : contact@pianojacobins.com