Le dernier Vice-Roi des indes, un film de Gurinder Chadha
La filmographie de cette réalisatrice britannique ne nous avait pas vraiment préparé à un tel film. Les récents et toujours actuels événements qui voient des exodes gigantesques de pays en guerre vers l’Europe ont déclenché chez elle cette envie de parler du drame que vécurent ses grands-parents au milieu du siècle dernier, cette fameuse Partition qui vit naître un Pakistan libéré des frontières indiennes. Nous sommes en 1947.
L’empire britannique, et plus particulièrement Winston Churchill, envoie Lord Mountbatten, petit-fils de la Reine Victoria, héros de guerre au demeurant, en Inde pour mener les discussions entre Nehru, Gandhi et le leader musulman Jinnah. Ce qu’ignore Lord Mountbatten c’est ce rôle de poupée de chiffon que les autorités de son pays lui font jouer, car en fait la découpe du continent indien est déjà écrite et tracée depuis longtemps. Il sera donc en charge de gérer, si l’on peut dire, le déplacement de 14 millions d’âmes parmi lesquelles 1 million n’arriveront pas à destination. La reconstitution est sidérante.
A milieu du scénario, un drame un brin bollywoodien peut sembler inutile, l’amour entre un indien et une musulmane, sauf qu’il est là pour dire combien les guerres que se livrent depuis leurs fauteuils club les puissants de ce monde ont des répercussions directes sur la vie de tous.
Même si le final ici est un rien romanesque. Hugh Bonneville, célèbre Robert Crawley de la série Downton Abbey, revêt les habits de ce Vice-Roi improbable avec le flegme mais aussi l’autorité que nous lui connaissons. Un film historique, parfaitement documenté. Une leçon d’histoire aussi qui rappelle par-delà les années combien la condition humaine est sujette aux mouvements religieux, extrémistes ou pas.
Robert Pénavayre