En terme d’affluence, de météo, de prestations, le premier jour de ce festival était une réussite. Aujourd’hui va en être de même, malgré un énorme changement en terme de programmation et de public. Si Pratgraussals était hier rempli de cinquantenaires pleins d’énergie, la moyenne d’âge aujourd’hui doit à peine atteindre les 18 ans en fin de soirée. La raison est évidente : Christophe Maé vient remplacer les ZZ Top, Soprano et Olivia Ruiz prennent la place de Renaud. Cela démontre que Pause Guitare est et reste un festival extrêmement hétéroclite, avec tous les genres et tous les publics.
Cette donnée est essentielle pour comprendre le buzz du premier artiste de ce soir. Pour certains il est vulgaire, prétentieux et gênant ; pour d’autres il a révolutionné de par son parcours et son ambition tout le rap français. Vald est un artiste qui partage les foules, et cela s’est clairement ressenti ce soir au vu du public et des réactions postérieures sur les réseaux sociaux. Beaucoup étaient outrés de la vulgarité omniprésente dans ses textes et son attitude, d’autres auront apprécié sa présence comme un moyen d’ouvrir encore un peu plus l’éventail des possibles. De notre côté nous sommes partagés : sans même parler de la prestation – qui reste similaire à ce qu’il a l’habitude de faire, au détail près du sampler qui est tombé en panne – c’est bien un problème à la fois de génération et de vision des choses qui se pose ici. Indéniablement, si Vald en est arrivé là c’est que ses textes sont empreints de nombreux sens cachés et de sous-entendus charitables, empreints d’ironie également. De ce fait, c’est sans doute bel et bien un artiste contrairement à l’avis de certaines personnes présentes ce soir. En revanche, le problème vient selon nous de la programmation. Beaucoup parle de Pause Guitare comme d’un festival familial : nous pourrions alors discuter des ZZ Top qui ne sont pas forcément dans l’optique d’un public familial non plus. En revanche, il nous semble presque inconcevable de placer Vald dans la même soirée que Christophe Maé ou Soprano ; d’une part car ce sont clairement deux publics différents et inconciliables, d’autre part car un public non-averti a de très fortes chances de ne pas comprendre Vald. C’est ce qui s’est passé ce soir, au grand damne de tous.
Après s’être quitté sans dire au revoir, une certaine déception se faisait sentir dans le public comme sur scène et c’est à Olivia Ruiz que revenait la tâche de détendre l’atmosphère. Elle aura vite fait de changer d’ambiance tout le site à grand renfort d’énergie et de classiques. De J’traîne des pieds à La Femme chocolat, on retombe dans l’esprit populaire de cette 21ème édition tandis que le public connaît les paroles par cœur. Un bon moyen de le remotiver, et de faire preuve de fraîcheur pour la chanteuse qui enchaînera les chansons et les tenues pour finir sur une robe blanche assez atypique. Un live sinon exceptionnel au moins de bonne qualité afin de ravir les nombreux fans qui auront fait le déplacement ce vendredi.
Vient désormais le tour d’un des artistes du moment, omniprésent dans les médias comme dans les casques chez les plus jeunes. Il revenait en 2016 avec son nouvel album L’Everest, véritable boule d’énergie dont sortiront de nombreux tubes dont Le diable ne s’habille plus en Prada ou encore L’Everest qu’il interprétera notamment ce soir. Mais en live, que donne vraiment Soprano ? En vérité ce fût une agréable surprise. Autant musicalement l’apport est assez mince, autant le chanteur ainsi que ses musiciens se donnent véritablement. Autant physiquement ils sont à fond, autant sur les morceaux plus émouvants on le sent concerné et concentré. C’est extrêmement positif, d’autant plus que le public assez jeune a toujours beaucoup d’espoir en ces artistes de la nouvelle génération. Ce soir, Soprano n’avait aucune chance de les décevoir ! Dès l’introduction, il annoncera la couleur en chantant « Ce soir je suis en feu », il est bon de constater qu’il le sera jusqu’à la fin 1h30 plus tard.
Soprano à Pause Guitare 2017. Crédits photos : David Vacher.
Même constat pour Christophe Maé, qui lui aussi a régalé son public. Autant lui aussi s’est donné à fond, autant la surprise fut également musicale cette fois. Moins variété, plus blues avec des sonorités made in USA, le décor reflétait parfaitement le set du chanteur, avec des passages à l’harmonica pour peaufiner l’atmosphère quasi-saloonesque du show. Avec un public un peu plus hétérogène, il semble avoir tirer dans le mille et aura fait danser jusqu’aux stands du fond. On appréciera également les nombreux échanges avec le public, venant taper quelques mains dans le pit et faire le show devant la caméra. Un show, voilà donc ce qu’était ce concert, et Christophe Maé l’a parfaitement porté de bout en bout. Évidemment, comme ses deux prédécesseurs, il aura le droit durant la grosse heure et demie à un chœur de milliers de personnes, tout le public connaissant les paroles de C’est ma Terre ou de l’inévitable Il est où le bonheur ?
Soprano à Pause Guitare 2017. Crédits photos : David Vacher.
En définitive, la seconde moitié de la soirée aura bien rattrapé le début, avec un Vald loin de faire l’unanimité malgré un set fidèle à son habitude. Autant hier le débat venait de Renaud, autant ce soir il vient clairement du rappeur qui aura malgré lui marqué cette soirée. Hormis cela, de bonnes surprises pour une deuxième session très réussie. Avec une programmation du même genre, le lendemain sera également réussi : vous pouvez retrouvez le live-report et les photos ici. Et si vous avez raté le premier soir, séance de rattrapage par là.
David Vacher