L’Opéra, film documentaire de Jean-Stéphane Bron
Tout d’abord une précision, il ne s’agit pas ici d’un documentaire sur l’opéra, genre musical en tant que tel, mais sur l’Opéra, avec un O majuscule, donc un film sur cette prestigieuse institution lyrique française que Giuseppe Verdi avait baptisée du sobriquet un rien irrévérencieux, même si justifié, de « Grande Boutique ».
Avec l’accord, un brin réticent au début, de son actuel patron Stéphane Lissner, Jean-Stéphane Bron a découvert, caméra à la main, les deux théâtres qui composent ce que l’on nomme « L’Opéra de Paris », à savoir le Palais Garnier et l’Opéra Bastille. Lui qui ne connaît pas du tout cet univers nous en propose donc le regard de Candide. Les prises de vue se sont échelonnées sur 16 mois, une période en tant que telle non significative en apparence sauf que, pendant ce laps de temps, le France a connu les attentats du Bataclan. La prise en compte de ce drame dans le reportage est l’un des points forts de celui-ci. Les mots de Stéphane Lissner sur scène, le lendemain, devant le public, sont un exemple de résistance face au terrorisme et à la peur paralysante que ces actes sont censés induire. Plus simplement, ce documentaire nous fait vivre de l’intérieur le monde fragile du spectacle vivant, c’est à dire tout le contraire du formatage télévisuel et cinématographique.
Cette fragilité, Jean Stéphane Bron nous la fait découvrir au travers de différentes séquences dont la moindre n’est pas la démission du tout nouveau directeur de la danse, Benjamin Millepied. Coup de fil avec Stéphane Lissner, annonce à la presse, au Corps de ballet, le psychodrame dans toute sa nudité. Autres moments de tension extrême : l’arrivée sur scène du taureau EasyRider (plus d’une tonne de muscles !) pour la mise en scène de Moïse et Aaron de Schoenberg, un animal souhaité par le metteur en scène Roméo Castellucci, ou bien encore, dans un autre genre de problème, la défection au dernier moment d’un interprète essentiel pour les reprises des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner et la course folle, par téléphone, dans le monde entier pour trouver un remplaçant au pied levé, les encouragement de ses collègues faisant sa connaissance juste avant le lever de rideau. Il y a aussi, et comment en serait-il autrement, les inévitables discussions financières avec les autorités de tutelle, mais aussi un intéressant début de réflexion sur le prix des places. Tout cela est ébauché, évidemment, mais montre bien l’envers du décor. Et comment oublier les remarques du directeur musical, l’immense Philippe Jordan, râlant contre des chœurs toujours en avance, alors que dans la plupart des théâtres du monde, ils sont…en retard. Musicalement parlant bien sûr. Il y a aussi, et ce n’est pas le moindre des challenges de l’Opéra de Paris, cette mission de formation de jeunes musiciens issus de quartiers sensibles, cette Académie du chant illustrée au travers d’un parcours, celui d’une jeune basse russe. Bien d’autres « cadrages » vous attendent. Tous illustrent la vie passionnante, palpitante et ardente qui est celle du spectacle vivant.
Robert Pénavayre
.
Jean Stéphane Bron – Face à l’opéra, totalement béotien !
Jean-Stéphane Bron est connu avant tout comme réalisateur de documentaires engagés, comme par exemple « Cleveland contre Wall Street » en 2010 qui donnait la parole aux victimes de la crise des subprimes aux USA. C’est à 37 ans, en 2006, que Jean-Stéphane Bron signe sa première fiction : « Mon frère se marie », film en partie autobiographique, bien accueilli par la presse mais qui n’aura pas de lendemains. Aujourd’hui, ce réalisateur suisse s’est tourné, par curiosité, vers un univers qu’il avoue ne pas connaître du tout, celui de l’opéra, en visitant de fond en comble l’une des plus prestigieuses maisons d’art lyrique du monde, l’Opéra de Paris.
Culture 31 – L’Essentiel de la Culture
Communication / Partenariats
contact@culture31.com
La Rédaction
redaction@culture31.com
https://blog.culture31.com/la-redaction/