La Belle et la Bête, un film de Bill Condon
S’il est difficile de dénombrer les adaptations aussi bien littéraires que musicales, théâtrales ou chorégraphiques du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, publié en 1757, il est aisé de sélectionner les bonnes versions cinématographiques, celles-ci étant dominées par la vision que lui porte Jean Cocteau en 1946.
En tout état de cause, ce ne sont pas les deux pitoyables films sur le sujet sortis, l’un en 2014, signé Christophe Gans et le dernier, sous rubrique, signé Bill Condon, qui feront de l’ombre au chef d’œuvre interprété par Jean Marais. Et tout d’abord, comment Bill Condon peut-il faire un format de 2h20 à l’attention des enfants ? Car il s’agit bien d’un conte à leur destination. Le trop long début est consternant de niaiserie. Les choses s’arrangent un peu en découvrant les « habitants » du château hanté par la Bête. Ce sont des serviteurs qui, tout comme leur maître, sont ensorcelés et transformés en pendule, théière, garde-robe, plumeau, etc. Eux seuls arrivent à nous dérider quelques moments. Luke Evans (Gaston) fait ce qu’il peut pour animer l’action. En vain. Les mélodies (car, c’est une comédie musicale) et les paroles sont d’un autre temps, d’autant que la version française de ces dernières est une catastrophe rythmique. Emma Watson (Belle) est presque aussi nunuche que Léa Seydoux dans le précédent opus sur ce sujet, ce qui n’est pas peu dire ! Peut-être la VO arrange-t-elle les choses. Cela dit, elle n’aurait pas de mal. A vous de voir… Le passage du dessin animé à son adaptation en images réelles est un exercice difficile au cours duquel beaucoup de magie et de poésie reste au bord du chemin, malgré les fabuleux progrès en termes d’effets spéciaux accomplis depuis une dizaine d’années.
Robert Pénavayre