Guillaume Canet, Marion Cotillard et leur bande de potes jouent leur propre rôle dans une comédie en partie autobiographique à hurler de rire ! Avec cependant un sous-texte qui ne manque pas de profondeur.
Tout est parti d’un entretien, réel, avec une journaliste, au terme duquel Guillaume Canet a réalisé que le temps passait, pour lui aussi, et que l’image renvoyée par son miroir personnel n’était plus du tout en phase avec celle que percevait le public. Pas has been, bien sûr, mais pas rock’n’roll non plus. Dans le milieu du cinéma, il a reçu ce commentaire comme un coup de poing dans le plexus. Que faire ? La fiction prend ici le relai et bien sûr je n’en dirai pas plus, même sous la torture. De plus Guillaume Canet nous a supplié à deux genoux de surtout ne pas spoiler son film.
Jouer sur sa propre image, un exercice d’autodérision gonflé et dangereux, où il est question en creux de la tyrannie des canons de la beauté imposés par les médias et par les publicités. A ce jeu, Guillaume Canet semble surdoué. Pour son 5ème long, il surfe avec une habileté diabolique sur un thème redoutable, celui de l’âge. Il introduit ici dans sa réflexion une autre composante, celle de l’acteur vedette que le public adore au sens païen du terme. Une adoration qui met « hors sol » certaines personnes incapables de faire la différence entre l’écran et la vie, autant côté public que du côté des artistes. Il n’est rien de dire que les scénaristes se sont lâchés et que la scène liminaire en particulier est d’un culot incroyable. Du dézingage d’idole en règle ! Pour cet exercice d’autoflagellation, Guillaume Canet s’est assuré le concours de Marion Cotillard au moment où elle travaillait son « québécois » dans la perspective d’un film avec Xavier Dolan. Guillaume Canet nous dit que Marion est une bosseuse. Pour faire ce numéro d’accent, il n’y a pas de doute une seconde. A leurs côtés et dans leur propre rôle : Gilles Lellouche, Philippe Lefebvre, Kev Adams, Ben Foster, Yvan Attal, le couple Halliday. Il y a aussi son agent et son producteur, tout ce petit monde passe le comédien-réalisateur à la moulinette de son succès et de son aura. La réussite est totale d’autant que ce film nous fait découvrir un autre talent de cet acteur, celui de comique, mais attention, le comique à la Buster Keaton, froid et sérieux. Le rire fuse autant des situations que des dialogues et du fracassement de l’image. S’il fallait un film, de nos jours, pour montrer combien le cinéma est l’art de l’illusion, ce serait idéalement celui-ci. En revisitant le mythe de Faust, Guillaume Canet, quant à lui, sort grandi de ce passage à tabac.
Précipitez-vous, vous ne le regretterez pas.
Robert Pénavayre
Guillaume Canet – De Boulogne-Billancourt à Hollywood
Ce passionné d’équitation voit le jour dans les Hauts-de-Seine et compte bien faire une carrière comme jockey. Un accident après, le voilà au Cours Florent pour embrasser la profession de comédien. Le théâtre l’accueille dans un premier temps, mais très vite le cinéma va regarder de près ce jeune comédien. En 1997, il a à peine 24 ans, il va côtoyer Jean Rochefort pour un long métrage. C’est le début d’une carrière dans le 7ème art, carrière qui deviendra internationale auprès de Leonardo di Caprio (La plage/2000). L’inévitable arrive en 2002. L’acteur décide de passer aussi derrière la caméra. Il se met en scène lui-même dans Mon idole. C’est un succès qui annonce un couronnement, le César du meilleur réalisateur en 2006 avec Ne le dis à personne. Son dernier opus, sous rubrique, est porteur de bien belles promesses.