Dans le cadre du Cycle Grands Interprètes, la Halle aux Grains accueille le samedi 4 février à 20h, le Scottish Chamber Orchestra et son chef Robin Ticciati, et comme pianiste soliste, une artiste fidèle du lieu, Maria-João Pires. Le Conseil Départemental de la Haute-Garonne ne pouvait rater son soutien à une telle affiche. Le programme vous est détaillé ci-dessous, avec quelques précisions sur les biographies des artistes, ainsi que quelques mots sur le concerto de Mozart et la symphonie de Haydn.
PROGRAMME
Antonín Dvorák [1841-1904]
Légendes, opus 59, n°1, 2, 7, 8 et 4 ~ 25 mn
1 – Allegretto non troppo (en ré mineur)
2 – Molto moderato (en sol majeur)
7 – Allegretto grazioso (en la majeur)
8 – Un poco Allegretto (en fa majeur)
4 – Molto maestoso (en do majeur)
Wolfgang Amadeus Mozart [1756-1791]
Concerto pour piano et orchestre n°27, en si bémol majeur, K. 595 ~ 32 mn
I – Allegro
II – Larghetto
III – Allegro
Entr’acte ~ 20 mn
Joseph Haydn [1732-1809]
Symphonie n°104, en ré majeur, Londres ~ 29 mn
I – Adagio – Allegro
II – Andante
III – Menuetto : Allegro
IV – Finale : Allegro spirituoso
Maria João Pires
Née le 23 Juillet 1944 à Lisbonne, Maria João Pires joue en public pour la première fois à l’âge de 4 ans et débute ses études de musique et piano avec Campos Coelho et Francine Benoît. Plus tard en Allemagne, avec Rosl Schmid et Karl Engel. En plus de ses concerts, elle enregistre pendant quinze ans pour les Editions Erato et vingt ans pour Deutsche Grammophon.
Depuis les années 70, elle se consacre à une réflexion sur l’influence de l’art sur la vie, la communauté et l’école, en cherchant à découvrir de nouveaux moyens d’établissement de cette pédagogie dans la société. Elle recherche de nouvelles formes de transmission qui respectent le développement de l’individu et des cultures, l’incitant au partage. En 1999, elle crée le Centre pour l’étude des arts de Belgais au Portugal. Elle élargit alors la divulgation de cette philosophie à Salamanca et Bahia au Brésil. En 2012, en Belgique, Maria João Pires initie deux projets complémentaires : Le projet Equinox qui est dédié à la création et au développement des chœurs d’enfants issus de milieux défavorisés, et le projet Partitura, dont l’objectif est de créer une dynamique altruiste entre les artistes de différentes générations en proposant une alternative dans un monde trop souvent axé sur la compétitivité.
Robin Ticciati
Né à Londres, Robin Ticciati est violoniste, pianiste et percussionniste de formation.
Il commence la direction d’orchestre auprès de Sir Colin Davis et Sir Simon Rattle quand il intègre le National Youth Orchestra of Great Britain à l’âge de quinze ans.
Robin Ticciati est le Chef d’Orchestre Principal du Scottish Chamber Orchestra depuis la saison 2009-2010 et le Directeur Musical du Glyndebourne Festival Opera depuis l’été 2014.
Il est nommé Directeur Musical du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin à partir de la saison 2017-2018 pour une période de cinq ans.
Durant les deux prochaines saisons, Robin Ticciati est invité à diriger de magnifiques phalanges européennes tout en effectuant une tournée avec le London Philharmonic Orchestra et Anne-Sophie Mutter dans des villes comme Vienne (Musikverein), Berlin (Philharmonie), Munich (Gasteig) et Paris (Théâtre des Champs-Elysées).
Pour ses premières saisons en tant que Directeur Musical du Glyndebourne Festival Opéra, Robin Ticciati dirige plusieurs opéras comme Rosenkavalier et Finta Giardiniera, Entführung et une reprise de L’Heure Espagnole et de L’Enfant et les Sortilèges de Ravel, ainsi que La clemenza di Tito. Parallèlement, il dirige de nouvelles productions d’opéra dans différentes maisons et il sera de retour au Met en 2017 avec une production d’Eugène Onegin.
Robin Ticciati entame sa huitième saison en tant que Chef d’Orchestre Principal du Scottish Chamber Orchestra. Durant la saison 2016/2017 avec le SCO, il va chercher à se concentrer sur les compositeurs vivants, de Grande-Bretagne et d’ailleurs, ainsi que la musique de Mozart, Strauss et Bruckner. Ensemble, ils se rendront en Europe et en Asie, et participeront à l’Edinburgh International Festival. Leur dernier enregistrement des symphonies de Haydn pour Linn Records est sorti en septembre 2015.
Scottish Chamber Orchestra
Le Scottish Chamber Orchestra (SCO) – Orchestre de renommée mondiale – est composé des meilleurs musiciens écossais et internationaux. En plus de jouer dans toute l’Ecosse, ils font connaître leur musique à travers le monde en tant que fiers ambassadeurs de l’excellence culturelle écossaise. Ces dernières années, l’Orchestre a voyagé à travers l’Europe, l’Extrême-Orient, l’Inde et les USA.
Le Scottish Chamber Orchestra apporte une contribution significative à la vie écossaise. Les musiciens du SCO – au travers du programme SCO Connect – interviennent auprès d’un large public dans les écoles, les universités, les hôpitaux, les foyers, les lieux de travail.
Sous la direction de Robin Ticciati, l’Orchestre a réalisé cinq enregistrements : La Symphonie Fantastique de Berlioz (2012), Les Nuits d’été et La mort de Cléopatre de Berlioz (2013), Siegfried Idyll de Wagner (2014), les symphonies de Schumann (2014) et les symphonies n°31, n°70 et n°101 de Haydn (2015). La discographie complète de l’orchestre dépasse maintenant les cent cinquante enregistrements.
La relation de longue date entre le Scottish Chamber Orchestra et Sir Charles Mackerras, a donné lieu à de nombreux concerts et à des enregistrements exceptionnels, dont deux albums des dernières symphonies de Mozart qui ont obtenu de multiples récompenses.
Le SCO entretient des relations étroites avec de nombreux artistes. Tous jouent régulièrement avec l’Orchestre en concerts, en studio d’enregistrement, en tournée et lors de festivals. Le SCO entretient aussi de fortes relations avec de nombreux chefs d’orchestre et solistes éminents. L’Orchestre bénéficie également de liens privilégiés avec de nombreux compositeurs de premier plan et a commandé plus de cent nouvelles œuvres.
Le Scottish Chamber Orchestra reçoit des fonds du Gouvernement écossais en tant qu’une des cinq sociétés nationales d’art scénique. Les tournées internationales sont généreusement soutenues par Gavin & Kate Gemmell.
Légendes d’Antonin Dvorák
Ecrites au départ pour piano, entre décembre 1880 et mars 1881, elles furent donc également orchestrées fin 1881. En concert, elles doivent lutter contre la concurrence des Danses slaves. Huit titres au total, sans sous-titres, romantiques, populaires ou dansantes, toutes dédiées au célèbre critique Edouard Hanslick.
Symphonie n°104
Si la production symphonique de Haydn s’était ralentie entre 1775 et 1785, occupé qu’il était par l’écriture d’opéras, elle reprit avec les six symphonies commandées par la Loge Olympique de Paris et, cinq ans plus tard, avec les douze symphonies londoniennes – ainsi nommées car elles furent données en première audition à Londres, à l’occasion des deux séjours que le compositeur fit dans cette ville entre 1791 et 1795. Haydn, qui avait atteint avec ses Symphonies parisiennes un sommet d’ingéniosité, d’humour et d’intellectualité sans prétention, offre avec les Londoniennes des œuvres dans lesquelles on retrouve les mêmes qualités, avec une grandeur de conception plus monumentale encore et une dignité comme modeste.
Les douze dernières symphonies, de la n° 93 à la n° 104, furent composées à la demande du violoniste mais surtout organisateur de concerts Johann Peter Salomon. Elles comptent aujourd’hui parmi les sommets de la musique symphonique, voisinant avec les chefs-d’œuvre que sont celles de Bruckner, ou Brahms ou Mahler ou Beethoven ou les dernières de Mozart, bien trop tôt disparu. Des dizaines d’années d’efforts pour parvenir au sommet de son art de la forme et du style symphoniques, avec une synthèse de l’élément “populaire“ et de l’“art“ d’une importance exceptionnelle dans son dernier style symphonique. On remarquera que les deux premières de ces symphonies dite londoniennes naquirent l’année même de la disparition de Mozart tandis que la dernière fut présentée par son compositeur en 1795, soit cinq ans avant la première de Beethoven. Haydn aura littéralement inventé la symphonie classique se caractérisant par sa clarté immédiate, une qualité qui se transformera petit à petit en …défaut, son naturel apparent compliquant la perception de sa complexité et de sa richesse interne. Même si, on y perçoit une tendance croissante à la profondeur spirituelle et au sérieux, mais toujours en pleine sérénité. En plus condensé, des œuvres trop faciles !
Dans ces dernières symphonies de Haydn, et dans la dernière, tout autant que dans les autres, se manifeste la fierté de la conscience de sa valeur de citoyen qui se découvre pour la première fois acteur. L’être est toujours plein de joie de vivre qui, après des années de modestes petits travaux, passe dans sa vieillesse à la véritable action musicale, accédant enfin à ce degré de liberté totale dans le maniement des techniques de composition. Enfin, Haydn, l’inventeur du classicisme viennois, le pionnier des romantiques, est “libre comme l’air“.
A propos du Concerto pour piano n° 27 de Mozart et des concertos en général.
Du pianiste Artur Schnabel : « Je ne joue que la musique qui est toujours meilleure que l’interprétation qu’on puisse en donner. C’est le cas des concertos de Mozart. » Et encore, à propos de ces derniers, d’un autre grand pianiste, Keith Jarrett : « Lorsque je les interprète, mon ambition est d’en capturer la quintessence, de m’effacer, tel un moine en retraite, pour ne faire vivre que sa trace, ses régiments de notes. »
Entre micro-drames et opéras sans paroles, les concertos de Mozart sont des chefs-d’œuvre parfaitement individualisés et uniques du compositeur, lesquels portent la marque de son plus grand génie. Certes, on louera les quatre concertos pour cor, les deux pour flûte, les cinq pour violon écrits en quelques mois de l’année 1775, mais le réel miracle du concerto mozartien est bien construit au piano : vingt-sept en tout, avec un idéal et une beauté sans cesse plus élevés, dès le Neuvième “Jeunehomme“ de 1777, mais surtout du Vingtième au Vingt-Septième. Enfin, entre ce dernier composé onze mois avant sa mort, où les ténèbres pointent derrière le sourire et la grâce, et l’ultime concerto pour clarinette écrit dans une détresse matérielle aiguë, on ne sait qu’admirer le plus, la perfection formelle, la beauté pure ou la hauteur spirituelle.
Dans ses concertos, Mozart n’a nul besoin de coup d’éclat, de surprise musicale ou de ces artifices qu’affectionnait bien davantage un certain Joseph Haydn. Le drame mozartien a pour origine cette simplicité de surface si souvent commentée dont la structure et la hiérarchie narrative viennent nourrir la richesse dans les motifs. Il est capable ainsi comme dans ce dernier, de faire apparaître de nouveaux motifs en plein développement d’un déjà énoncé. Grâce à la forme habituelle, claire et stable des trois mouvements, vif – lent – vif, Mozart peut bénéficier d’une extraordinaire souplesse que son génie fait éclater dans la charpente formelle alors très explorée du concerto. C’est lors d’un concert du clarinettiste Bæhr que le 4 mars 1791, Mozart a joué ce Vingt-Septième Concerto, dans lequel, point d’héroïsme apparent, point de virtuosité. Sans élever la voix, paix et mélancolie se compénètrent, forme d’aboutissement dans cette recherche de la « naïveté ».
Michel Grialou
Scottish Chamber Orchestra
Robin Ticciati (direction)
Maria João Pires (piano)
samedi 04 février 2017 à 20h00 – Halle aux Grains
Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
Crédit photos
Maria-João Pires © Deutsche Grammophon
Robin Ticciati / SCO © Marco Borggreve