Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
New York en 1983 : un employé de poste noir abat, sans raison apparente, depuis son guichet un homme venu acheter des timbres. La police découvre chez le criminel, Hector Negron, la tête d’une statue antique, valant plusieurs millions de dollars, disparue quarante ans plus tôt en Italie durant la seconde guerre mondiale. Un jeune journaliste est autorisé à s’entretenir avec ce mystérieux assassin peu avant son procès. Pendant ce temps, à Florence, un élégant quadragénaire découvre le récit de ce fait-divers à travers une page d’un journal que le vent a déposé sur la table du café où il s’est attablé. Et il en est bouleversé…
C’est par ce très intriguant prologue que débute Miracle à Santa Anna réalisé en 2008 par Spike Lee. Cette superproduction ne sortit même pas en France (il fallut attendre juin 2011 pour une sortie en DVD) et c’est plutôt via la chronique juridique que le film fit parler de lui chez nous puisque TF1 (chargée de distribuer Miracle à Santa Anna à l’international) fut condamnée à payer plus 30 millions de dollars à Spike Lee pour avoir manqué à ses engagements… Pourtant, quelques années auparavant, les films de ce jeune cinéaste noir bénéficiaient dans l’hexagone d’un réel engouement public et critique : de Do the Right Thing (l’une des sensations du festival de Cannes 1989) à Malcom X en passant par Jungle Fever ou Mo’Better Blues. Avec les ans, son étoile a pâli alors que ce militant de la cause noire (s’embourbant parfois dans des querelles ridicules avec Quentin Tarantino ou Clint Eastwood) réalisait de belles réussites comme Summer of Sam, La 25ème Heure ou le superbe Miracle à Santa Anna.
Avec ce film adapté d’un roman de James McBride, Spike Lee reconstitue une partie des faits d’armes de la 92ème Division d’infanterie de l’armée de terre américaine constituée de 15 000 soldats noirs – baptisés « Buffalo Soldiers » – qui servirent en Italie d’août 1944 à novembre 1945. Mêlant film de guerre (saluons des scènes de combats très impressionnantes alors que l’on pense avoir tout vu dans ce registre), mélodrame et fable aux accents religieux, Miracle à Santa Anna impressionne autant par son souffle épique et la précision de la reconstitution que par l’audace du scénario et le rythme du récit (2h40 minutes que l’on ne voit pas passer). À la dureté de certaines séquences hélas bien réelles (dont celle de l’effroyable massacre de Sant’Anna di Stazzema en Toscane où les SS tuèrent 560 civils) répondent le côté conte et la dimension spiritualiste de l’œuvre. Magnifique.