Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
Réalisé en 2006, le premier long-métrage de Jonathan Levine (né en 1976) ne sortit pas en salles dans l’hexagone et il fallut même attendre 2010 pour le découvrir en DVD. D’ailleurs, c’est toute la filmographie – courte, mais cohérente – de l’un des réalisateurs les plus sensibles du cinéma américain contemporain qui est à découvrir. Deux ans après Mandy Lane, il signait le merveilleux Wackness avec Josh Peck, Ben Kingsley, Famke Janssen et Olivia Thirlby – comédie douce-amère pleine de grâce. Suivront 50/50 (où le duo Joseph Gordon-Levitt / Seth Rogen faisait des étincelles entre rires et larmes), Warm Bodies (autre cocktail inattendu entre comédie, romance et film de zombie) et plus récemment The Night Before (où le metteur en scène retrouvait le duo Gordon-Levitt / Rogen).
De prime abord, All the Boys Love Mandy Lane possède tous les attributs du banal « slasher movie ». Pour fêter la fin de leur année scolaire, un groupe de lycéens se retrouve le temps d’un week-end dans un ranch isolé. On s’amuse, on se baigne, on boit, on fume. Puis, un par un, les membres de la petite bande commencent à se faire trucider… Autour de la blondeur virginale de la belle Mandy, Jonathan Levine se permet un long prologue avant d’emprunter les codes du film d’horreur afin de mieux les détourner.
L’héroïne, objet de tous les fantasmes, est entourée par un halo de tragédies diverses qui en fait la victime idéale. Amber Heard, pour la première tête d’affiche d’un long-métrage, est filmée avec autant de sensualité que de pudeur. La caméra de Levine caresse les corps et les regards, saisit les lumières déclinantes. À l’image de la superbe ballade, In Anticipation of Your Suicide de Bedroom Walls, accompagnant ce récit initiatique, il flotte sur All the Boys Love Mandy Lane une sorte de nostalgie par anticipation. Le cinéaste peint la fin de l’innocence et l’âge des premières désillusions. Côté suspense, courses poursuites et meurtres en série : le contrat est rempli. Jusqu’au retournement final. Mais ce que l’on retient d’abord de cette œuvre aux accents parfois étonnement élégiaques, c’est sa mélancolie à couper au couteau (sans jeu de mots). Aimerez-vous Mandy Lane ?