Miss Peregrine et les Enfants particuliers
Largement inspiré de la saga en trois tomes de l’Américain Ramson Riggs, le dernier opus de Tim Burton est à même de ravir les plus exigeants de ses fans. En effet, dans l’adaptation de ce roman aux couleurs gothiques, nous retrouvons toute la verve créatrice et imaginative de celui qui stupéfia la planète du 7ème art avec un certain Edward aux mains d’argent en 1990, un film qui demeure aujourd’hui encore son œuvre majeure.
Pour l’heure il est question de gamins dotés de pouvoirs paranormaux : force herculéenne, lévitation, feu, souffle inépuisable, projection de rêves, etc. C’est un peu la version Bibliothèque Verte des X men. Et comme tout petit X Man, ils sont abrités eux aussi dans un château, ici tenu d’une main de fer par Miss Peregrine (sublime Eva Green). Ils sont là depuis longtemps car la demeure se trouve dans une boucle temporelle lui permettant de ne pas être détruite par une bombe allemande de 1943. L’éternelle jeunesse en somme. Mais voilà, il y a aussi des méchants qui en veulent à leurs yeux. Décidément, les yeux sont à l’honneur puisque le vol des globes oculaires est le sujet de Kubo et l’Armure magique (toujours à l’affiche). Les Ombrunes, race à laquelle appartient Miss Peregrine, et dont le pouvoir est de manipuler le temps et de se transformer en oiseau, doit affronter les Sépulcreux, toujours à la recherche des précieux globes, afin de protéger les Enfants particuliers dont elle a la responsabilité.
Jake (le jeune Asa Butterfield, une valeur à suivre certainement) est un grand ado qui vénère son grand-père (émouvant Terence Stamp). Celui-ci lui a toujours raconté des histoires et, avant de rendre l’âme, lui confie un secret et lui fait faire une promesse. Jake ne serait pas tout à fait un garçon ordinaire. Son destin l’entraîne alors vers une dangereuse mission. Même si, parfois, le scénario nous perd en chemin entre 1943 et 2016, ce n’est pas grave car la magie burtonienne opère à plein régime. Et l’on ne sait qu’admirer le plus, de ce scénario aux rebondissements enthousiasmants, de la précision du montage et des cadrages, de la virtuosité des effets spéciaux, dont un combat de squelettes qui fait un énorme clin d’œil à Ray Harryhausen, superviseur des effets spéciaux du Jason et Les Argonautes de Don Chaffey (1963).
Un cast assez époustouflant nous vaut de croiser aussi Samuel L. Jackson, Judi Dench et Rupert Everett. Entre droit à la différence et fantasy pour rire et pour trembler à la fois, ce conte baroque signe le retour au premier plan d’un géant du cinéma.
Robert Pénavayre
Miss Peregrine et les Enfants particuliers
Réalisateur : Tim Burton
Avec : Eva Green, Asa Butterfield, Samuel L. Jackson….
Genre : Comédie fantastique
Durée : 2h07
Tim Burton – Appelez-moi Tim
Cet introverti, tel qu’il se définit, fan des films d’épouvante de la Hammer, se fait tirer les oreilles par les Studios Disney pour vouloir dessiner des dents trop pointues à la renarde de Rox et Rouky. Il quittera les prestigieux studios en 1984. Il a alors 32 ans. C’est la première marche à franchir pour entamer une carrière sensationnelle jalonnée, à ce jour, de quelques 18 longs métrages dont certains sont entrés dans le livre des records de recette (Alice au Pays des Merveilles – 2010), d’autres dans la légende du 7ème art (Edward aux mains d’argent – 1990). Au travers de cette foisonnante production, les délicieuses obsessions de ce cinéaste (forêt, maison isolée, droit à la différence, fête foraine, cage, etc.) tissent le fil rouge d’une œuvre aussi originale que grandiose et virtuose.