Avant la série des participations de la phalange symphonique toulousaine aux grands festivals de l’été, Tugan Sokhiev dirige le dernier concert de la saison d’abonnement à la Halle aux Grains. Cette soirée du 2 juillet referme la brillante saison 2015-2016 sur un programme entièrement consacré à Johannes Brahms. Tugan Sokhiev a choisi de retrouver pour l’occasion l’un des grands pianistes, l’un des grands musiciens de notre temps, le Brésilien Nelson Freire.
Le mois de juillet s’annonce pour l’ONCT comme l’un des plus actifs auprès des festivals de l’Hexagone. En effet, dès les 5 et 6 juillet, l’orchestre et son directeur participent au Festival International de Colmar. Le 9 juillet ils sont à Carcassonne, le 12 au Festival de Radio France et Montpellier. Le 16 juillet, ils animent les Chorégies d’Orange aux côtés de l’Orféon Donostiarra (Requiem de Verdi). Le 22 juillet ils retrouvent la Halle aux Grains pour le festival Toulouse d’Eté, le 23, l’Abbaye Ecole de Sorèze pour les Musiques des lumières. Le 24 juillet, les Nuits musicales en Armagnac les accueillent, alors que le 25, ils sont en la cathédrale Saint-Etienne de Cahors. Après un court mois d’août de repos, ils participent, le 30 août, au festival de Ravello (Italie).
Le 2 juillet, deux grandes œuvres de Brahms composent le programme de cette ultime soirée de la saison d’abonnement. Le Concerto n°2 en si bémol majeur, aux proportions monumentales, vaste symphonie avec piano, exige de la part du soliste une virtuosité sans faille et une ampleur exceptionnelle. Le clavier est ici traité comme un partenaire qui dialogue d’égal à égal avec l’orchestre. Composé entre 1878 et 1881, il eut aussitôt un immense retentissement, contrairement au premier de ses concertos pour piano qui avait déconcerté le public et les critiques. Brahms a écrit à son propos dans une lettre à son ami Herzogenberg : « Je dois vous dire que j’ai écrit un petit concerto pour piano, avec un joli petit Scherzo. » Ce « joli petit Scherzo », particulièrement monumental et inhabituel dans une œuvre concertante, est repris de celui que le compositeur avait projeté, puis abandonné, pour son Concerto pour violon en 1877.
Nelson Freire, qui sera le soliste de ce concerto, voue depuis sa prime adolescence un véritable culte au grand compositeur allemand. Né en 1944 à Boa Esperança (État de Minas Gerais, au Brésil), Nelson Freire fut un enfant prodige. Au cours de ses études à Vienne, il fit la connaissance de Martha Argerich qui deviendra par la suite sa grande amie et avec laquelle il formera un duo qui existe toujours. Doté d’une aisance technique qui lui permet de surmonter toutes les difficultés, ses interprétations allient poésie, raffinement, grâce, sensibilité, et respect scrupuleux des partitions originales. Son répertoire va de Bach à la musique brésilienne de son temps, avec une prédilection pour Chopin, Schumann, Beethoven, Brahms… Pour cette nouvelle collaboration avec l’Orchestre du Capitole et Tugan Sokhiev, l’interprète revient donc vers un répertoire qui lui est cher.
La symphonie n° 1 en ut mineur, du même Brahms, complètera le programme de ce concert du 2 juillet. La légende veut que le musicien fût incité à composer sa première symphonie lorsqu’il trouva en 1862 une plume sur la tombe de Beethoven qu’il vénérait et dont il craignait de ne pas être digne ! La création eut lieu le 4 novembre 1876. Les critiques en furent élogieuses et le chef d’orchestre Hans von Bülow parla même, à son propos, de « Dixième Symphonie » de Beethoven.
Elle représentait le retour à la grande symphonie classique, alors que la mode était à la « musique à programme » des romantiques tardifs. Elle est la première d’une série de quatre symphonies qui marque toute la période du postromantisme.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse