Rencontre avec Véronique Ovaldé
Le programme annonce une rencontre jeunesse à partir de 6 ans à la librairie Tire-Lire, pour présenter « Paloma et le vaste monde » où l’héroïne doit convaincre ses proches de la laisser partir, et réussir à les quitter. Véronique Ovaldé lit son livre en le présentant en même temps au public, afin de partager la qualité des illustrations.
Puis elle nous lit des passages de son prochain roman, qui sortira en septembre « Soyez imprudents les enfants », sur la nécessité d’être imprudent. Le fait qu’on ait du mal à prendre une décision qui pourrait changer le cours de notre vie, de se lancer dans une nouvelle voie, tenter de nouvelles expériences, viendrait selon l’auteur d’un sentiment de peur. Et donc, afin de l’éviter, elle recommande aux parents d’inciter les enfants à être imprudents. Le choix du titre vient du roman « Le hussard sur le toit » où la mère écrit à son fils « Le marin que tu m’as envoyé m’a dit que tu étais imprudent. Cela m’a rassurée. Sois toujours très imprudent, mon petit, c’est la seule façon d’avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufactures ». Dans le roman, Véronique Ovaldé présente une famille où tous les membres ont fait bouger le monde. L’héroïne Atanasia Bartolome décide elle aussi d’agir. Une suite possible à « Paloma et le vaste monde » où nous avons pu entendre le chapitre où elle a 13 ans, et celui où elle a 14 ans. On s’y reconnaît.
Véronique Ovaldé nous parle de sa famille, de son rapport avec les mots : les prénoms des membres de sa famille ne sont jamais ceux enregistrés auprès de l’état civil. Et aussi le fait que son père utilise souvent un autre mot, parfois inventé, à la place de celui conventionnel, au point de ne plus savoir si le mot existe dans le langage courant ou uniquement dans le cercle familial (je la comprends : j’ai la copie conforme à la maison.) Elle poursuit avec ses collaborations avec les illustrateurs, la connivence essentielle qu’elle entretient avec son éditrice, sa fidélité envers elle.
Ariane Ascaride lit « Titus n’aimait pas Bérénice »
Dalia nous prévient que la lecture durera plus d’une heure. Il fallait donc quelqu’un plus que bon, car au delà de 45 minutes, il faut ce petit plus qu’ont certains lecteurs pour qu’on ne regarde pas sa montre. Ariane Ascaride a ce petit plus. A la fin de la lecture, elle demande à Nathalie Azoulai de la rejoindre sur scène, pour l’y laisser seule, en glissant souriante « c’est elle qui les (vos applaudissements) mérite »
Christine Angot lit « Un amour impossible »
L’ambiance est différente des autres lectures. Troublant comme les silences d’un public n’ont pas la même résonance. Peut-être l’absence de présentation, alors que Serge est présent en bas de l’escalier. Peut-être le débit que Christine Angot différent de celui qu’elle a en interview. Son micro aura une faiblesse et le « on n’entend rien » viendra moins vite, sera plus doux qu’à l’accoutumé. Troublant. Pas la crainte d’elle, autre chose. Peut-être le fait qu’elle nous parle de ses parents qui ne sont pas un couple, et qu’on en sait plus sur son père qu’elle et sa mère au moment du récit. Malgré la grandeur de la salle Saint-Pierre, l’intimité s’installe. On savait Christine Angot grande romancière, elle est aussi une grande lectrice.
« Frère animal – second tour » avec Florent Marchet, Arnaud Cathrine, Valérie Leulliot, Nicolas Martel, Benjamin Vairon au Théâtre Sorano
Florent Marchet et Arnaud Cathrine, avec Valérie Leulliot et Nicolas Martel, avaient créé « Frère animal » en 2007, sur l’influence de l’entreprise prédominante, la SINOC, dans la vie de Thibaut et de ses proches, père, frère, ami d’enfance et amoureuse. Thibaut qui ne rentrait pas dans le moule, incendiait l’entreprise et était incarcéré. On retrouve les mêmes personnages au moment où Thibaut sort de prison, en 2016. Sa mère est morte, son frère Renaud a épousé Mathieu, Julie en aime un autre, et Benjamin s’occupe de mise en place de l’antenne du BN (Bloc National) pour les élections de 2017. Ne trouvant pas de travail, Thibaut se rapproche de Benjamin.
De l’entreprise à la politique, le pas est franchi facilement. Chaque personnage a évolué, les liens indéfectibles ne sont plus. L’univers musical de Florent Marchet se reconnaît aux premiers accords, les thèmes d’Arnaud Cathrine aussi. « Frère animal – second tour » suit Thibaut de son entrée par défaut au BN, à son formatage, au tractage auprès du public dans la salle qui se rallume. Entre textes parlés ou chantés, les déchirements sont multiples, la violence croît. Le cynisme et le sarcasme allègent ce fond dramatique, comme la voix de François Morel qui parle de Gibolin.
Les 4 artistes intervertissent les instruments au fil de l’histoire. Ils sont accompagnés par le batteur Benjamin Vairon qui change aussi d’instrument selon les chansons. Les applaudissements clôturent chaque chanson, mais ils diminueront au point de disparaître pour celles interprétées par les membres de BN. Applaudir reviendrait-il à soutenir le parti ? Le public Toulousain a choisi son camp, mais ne vous y trompez pas, ce spectacle musical qui se joue des manipulations politiques s’est achevé par une ovation légitime pour sa première date. La tournée se poursuit : ne louper pas ces retrouvailles avec « Frère animal – second tour » !