Au Théâtre Le Hangar, les artistes invités des Bruissonnantes donnent à voir et à entendre trois jours durant la voix de leur monde intérieur inouï, au sein d’un festival célébrant la poésie et la création contemporaine.
En mars, Toulouse fleurit de festivals : festival de poésie printanière, de danse contemporaine, de spectacles «extrêmes», de théâtre en version originale sous-titrée… Il est un festival qui réunit à lui seul propositions poétiques et scéniques hybrides et audacieuses : Les Bruissonnantes. Pendant trois soirées uniques, le Théâtre Le Hangar ouvre ses portes aux auteurs, poètes sonores, acteurs, musiciens, danseurs, et fait bruire et sonner les écritures contemporaines dans une grande variété de formes. Une polyphonie de pratiques artistiques et d’écritures de plateau que ce théâtre – dont on connaît les soucis économiques actuels – défend depuis toujours. Chaque soirée des Bruissonnantes s’équilibre entre mots, musique et poétique du corps, et réserve son lot de surprises.
Les invités sont des improvisateurs, performeurs, créateurs de leur propre langage, venant d’ici ou d’ailleurs, partenaires fidèles ou nouveaux venus. Parmi ceux d’ici, on se réjouira de découvrir les nouvelles impertinences musicales du pianiste Philippe Gelda, compositeur et interprète génial et inclassable. De retour à Toulouse le temps du festival, le prolifique laboureur de langues Sébastien Lespinasse retrouvera le bassiste Heddy Boubaker pour un duo de «poemn’n bass». Les Parleurs donneront un récital de textes, du « Cid » de Corneille à « Caisses » Tarkos, en passant par « Ursonate » de Kurt Schwitters – derrière ce quintette, on reconnaîtra l’équipe du Hangar (Laurence Riout, Didier Roux, Jean-Marie Champagne) augmentée de Sébastien Lespinasse et du fantasque professeur de lettres et décrypteur de littérature Yves Le Pestipon.
Pour cette édition, Lespinasse et Le Pestipon, deux complices liés par leur passion commune pour les poubelles de la place Pinel à Toulouse, s’entretiendront dans «le Grand XXe siècle» de façon aussi libre qu’irrévérencieuse sur le thème du Printemps des poètes. Cette conférence-action improvisée leur donnera l’occasion de s’interroger sur la signification des mots «grand» et «XXe», mais aussi de confronter leurs propres paysages poétiques.
Parmi ceux d’ailleurs, Edith Azam – dont le nouveau recueil « Caméra » vient de paraître chez P.O.L – inaugurera la première soirée du festival. Créatrice d’une poésie corporelle intense, cette écorchée vive est une fidèle invitée des Bruissonnantes. Elle sera suivie de Jérôme Noetinger, lequel se livrera à une improvisation de musique électroacoustique à base de magnétophones à bandes, tables de mixages, synthétiseurs analogiques, etc. Pour sa première participation au festival, la poétesse et performeuse Anne-Claire Hello mettra en voix son écriture éructive dans une présence au corps radicale. Les spectateurs qui l’ont déjà entendu se souviennent de lui : le passionnant et touchant poète ardéchois André Gache fera sonner sa poésie à la fois inquiétante et drôle dans une langue heurtée, étrange, voire étrangère…
Manifeste de la création contemporaine, les Bruissonnantes célèbrent chaque année la poésie – du grec «poiêsis» : fabriquer – avec ses prises de risque, ses innovations, ses expérimentations et ses partages avec le public. Le Hangar, théâtre pauvre peut-être, mais théâtre plein et inventif c’est sûr !
Sarah Authesserre
Du jeudi 10 au samedi 12 mars, au Théâtre Le Hangar,
11, rue des Cheminots, Toulouse. Tél.: 05 61 48 38 29.