Jeudi soir, au théâtre du Casino Barriere avait lieu la première de la nouvelle création de Gilles Ramade, baptisée Casanova l’Indécent. Aux commandes de ce nouveau projet, on retrouve notamment Guillaume Soulan pour sa collaboration à la composition des musiques originales, tandis que les chorégraphies sont signées Mathilde Ramade.
L’histoire de Casanova est celle d’un libre penseur qui appréciait ardemment la compagnie des femmes. C’est du moins l’essentiel que l’on retient de la plupart des récits le concernant. Avec ce spectacle, Gilles Ramade offre au public, à travers la peinture de ce personnage, un voyage en première classe au siècle des lumières.
Le rideau se lève sur un premier tableau : la chambre de Casanova, 64 ans, dans sa retraite du château de Dux. Alors qu’un ami de longue date, Lorenzo Da Ponte, lui rend visite, le dialogue s’engage rapidement sur le mythe du séducteur qui a tant fait parler de lui. Les deux hommes retracent ensemble ses années d’aventures et de rencontres au quatre coins du monde et successivement, les souvenirs reprennent vie sur scène, à leurs côtés… Le découpage de la scène en deux parties servira ainsi de fil conducteur pendant une bonne partie du spectacle, et fera astucieusement le lien entre le passé et le « présent ».
Les péripéties du jeune Casanova s’enchaînent alors, et chaque tableau dégage sa propre ambiance à travers une mise en scène toujours originale et bien pensée : jeux d’ombres et de transparence, décor modulable, projection d’images, jeux de lumière…
Aussi, les arts se mêlent les uns aux autres pour former un univers très complet entre danse, chant, musique, et théâtre. Un pari ambitieux, puisque chaque rôle a du être choisi avec justesse, mais le défi est relevé : on découvre de véritables talents pendant tout le déroulé du spectacle (mention spéciale évidemment aux deux comédiens qui tiennent les rôle de Casanova). Les voix sont étonnantes, les danses variées, et les jeux de comédien sont justes, bref, un bon cocktail d’artistes ! Au niveau musical, beaucoup de travail également : les styles se mélangent, entre les compositions originales et les airs d’opéra. Le spectacle crée en quelque sorte son propre univers musical pour ne ressembler à aucun autre, et devient une création unique !
Pour ma part, une petite déception quant au côté sensuel que j’attendais du spectacle. Sans basculer dans la vulgarité, la sensualité des personnages et des situations aurait pu être encore plus accentuée, de part la danse ou la gestuelle. Surtout avec une professionnelle de l’effeuillage au casting qui aurait pu à mon sens être davantage mise en valeur pour nous envouter par ses charmes et ajouter du glamour au show !
Au final, c’est une performance de plus de trois heures que les artistes ont offert au public. Certains diront que c’est un peu long, mais je pense que c’est principalement un problème de rythme et de temps morts. Pas d’affolements, il s’agissait d’une première ! Des améliorations sont certainement prévues par la suite et amèneront du dynamisme au spectacle. Et même s’il manque un peu de surprise et de « spectaculaire » à mon goût, cela reste un bon divertissement conjuguant lyrisme, érotisme, et humour dans un cadre baroque très bien planté.
Camille W.