« The Danish Girl », un film de Tom Hooper
Le réalisateur du magistral Discours d’un roi (2010) nous revient dans un genre qu’il maîtrise parfaitement, celui du biopic. Le héros/héroïne de son dernier opus n’est rien moins que la première personne qui changea de sexe. C’était au début du siècle dernier.
Gerda Wegener (1886-1940) est mariée à Einar Wegener (1882-1931). Ils sont tous deux artistes peintres. L’un des sujets de Gerda, une danseuse, n’étant pas trop disponible pour les séances de pose, Gerda demande à son mari de la remplacer afin qu’elle puisse plus particulièrement saisir le tombé d’une robe. C’est le fait déclencheur d’un véritable bouleversement identitaire qui, n’en doutons pas, devait sommeiller au plus profond de cet homme, mais dont l’aboutissement sera la naissance d’une autre personnalité connue aujourd’hui sous le nom de Lili Elbe. Le travestissement ne suffisant pas, et après avoir échappé de justesse à la lobotomisation et à l’internement, Einar décide de se faire opérer. C’est une première qui aura lieu en Allemagne. Cinq opérations seront nécessaires au changement complet de son statut sexuel. La cinquième lui sera fatale. C’est cette troublante histoire que relate ce film. Evitant avec justesse tout le voyeurisme qu’un tel sujet peut impliquer, Tom Hooper décide d’en faire une fantastique histoire d’amour. Et il n’y a rien de plus vrai car Gerda accompagnera son « mari » jusqu’au dernier souffle de celui-ci.
Somptueusement réalisé, avec des paysages, des plans, des cadrages, des lumières d’une beauté souveraine, ce film est fascinant à plus d’un titre. Le sujet, bien sûr, ce que l’on appelle la réassignation sexuelle, un sujet aussi troublant que déroutant. Et puis il y a les comédiens au premier rang desquels Eddie Redmayne. C’est à lui que revient l’incroyable challenge de nous faire percevoir le lent cheminement d’Einar vers Lili. Il est tout simplement stupéfiant d’ambigüité, de peur, de force, de courage, de volonté. Une composition comme on en voit peu d’aussi accomplie au cinéma. A ses côtés, et après que le rôle fut abandonné par de nombreuses stars, Alicia Vikander incarne Gerda avec une intelligence et une justesse de ton qui forcent l’admiration. D’autres comédiens, tous aussi épatants, font leur apparition, ainsi Ben Whishaw, l’inénarrable Q des derniers James Bond, ici dans l’emploi plus délicat d’un homosexuel qui sera l’amant de Lili, il y a aussi l’inattendu Matthias Schoenaerts en marchand d’art et ami d’enfance d’Einar… La reconstitution de cette époque, décors et costumes, est magnifique de précision et d’élégance. Une fabuleuse prouesse d’acteur au service d’un film hors du commun.
Robert Pénavayre
Eddie Redmayne – So British !
Difficile de faire plus Britannique que ce jeune comédien prénommé en réalité Edward John David, né à Londres il y a 34 ans. Et tout d’abord ses humanités à l’Eton College sur les bancs fréquentés par le Prince William. Il en sort diplômé bien sûr, mais en même temps il a fait ses débuts autant à la télévision qu’au théâtre, sans oublier le mannequinat (Burberry, excusez du peu !).
Couvert de prix dont un Tony Award, un Laurence Olivier Award et, last but not least, l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Stephen Hawking (Une merveilleuse histoire du temps – 2014), il se lance dans la trilogie des Animaux fantastiques, rien moins que le spin-off d’Harry Potter, dont les dates de sorties s’échelonnent jusqu’en 2020. J’oubliai, Eddie va être papa ! C’est important , non ?