Tugan Sokhiev est un chef qui sait respecter son public et l’ aime autant que son orchestre. Et ce public a été heureux du programme d’un concert « tout français » et l’a prouvé par une salle pleine et des applaudissements nourris. Il est fondamental pour l’Orchestre National du Capitole de cultiver ses racines. Car ne l’oublions pas, la discographie laissée par Michel Plasson à sa tête et récemment rééditée en coffret chez EMI, ainsi que les nombreux concerts de musique française de par le monde depuis des décennies prouvent combien cet orchestre a tout ce qui en fait un orchestre français dans les meilleures qualités de couleurs et de fraîcheur.
Un beau programme de musique Française
Ainsi ce soir a été un hommage au travail de longue date initié par Michel Plasson et une proposition d’œuvres rares au public toulousain, pour un deuxième concert en direct après un programme russo-germanique de haut vol. Mais c’est un peu au détriment de la gloire du chef, qui ne brille pas à son zénith dans un répertoire dont il ne maîtrise pas encore tous les enjeux. Mais c’est aussi cela le travail d’équipe, ne pas tirer la couverture à soi et permettre aux autres de s’exprimer et de les aider à briller. C’est un peu ce qui a eu lieu ce soir avec un chef généreux, prenant des risques. Déjà avec ce placement qui met les contrebasses au fond à gauche l’impact du soubassement grave est différent mais là ce sont même les timbres qui ont été comme rendus plus irréguliers avec des cordes pas toujours lisses (et même très agressives dans le final de Harold), des cuivres abruptes se laissant aller à tuber certains sons, même les cors ont eu un coté rustique. Un orchestre plein de romantisme sonore, en somme, évocateur de celui de Berlioz en 1834.
Harold en Italie débute avec premier mouvement évoquant Lord Byron en ses sombres Abymes et ses cimes étincelantes. Antoine Tamestit est un altiste de grande sensibilité, à la musicalité délicate et passionnée. Son engagement physique dans cette partition bien plus subtile que virtuose est un régal. Les nuances sont adroitement amenées (la seconde exposition du thème semble un songe) et tout l’univers romantique se déploie sous ses envolées lyriques. Les sonorités fauves et chaudes de l’altiste sont un enchantement. Le deuxième mouvement est un peu trop sage et comme privé d’émotion, la marche des pèlerins manque ainsi un peu de poésie. La sérénade fait penser à quelque fête paysanne avec des sonorités et des phrasés un peu prosaïques. Le final est tonitruant avec des brigands inquiétants et presque violents. L’énergie ne manque jamais dans ce romantisme échevelé mais une forme de poésie est parfois oubliée à l’orchestre alors qu’Antoine Tamestit est engagé dans une interprétation sensible et musicalement peine de subtilités, toujours à l’écoute d’un orchestre dont il semble admirer les sonorités richement variées.
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Concert filmé sur MediciTV