« Le Pont des Espions », un film de Steven Spielberg
Depuis La Liste de Schindler en 1993, nous connaissons Steven Spielberg, réalisateur passionné par l’Histoire. Nous le retrouvons ici dans ce même genre qu’il affectionne, mais cette fois côté espionnage !
21 juin 1957, en pleine guerre froide, Viliam Fischer, alias Rudolf Abel, est arrêté par le FBI. Agent russe couleur muraille, il œuvre au pays de l’Oncle Sam depuis huit ans. La chaise électrique lui ouvre les bras. Sauf que l’Amérique veut montrer à la face du monde que tout citoyen peut se défendre. Pour cela elle commet d’office un avocat new-yorkais, spécialisé dans les dossiers d’assurances, James Donovan, ancien des services spéciaux américains de la seconde guerre mondiale. Problème, ce dernier se met à prendre cette mission avec toutes les valeurs démocratiques et constitutionnelles qu’elle suppose. Exit le couloir de la mort, remplacé par 30 ans de prison.
1er mai 1960, Francis Gary Powers décolle de Peshawar au Pakistan à bord d’un avion espion U2 équipé pour prendre des clichés terrestres depuis une très haute altitude. Abattu par les Soviétiques, il ne doit sa survie qu’à son siège éjectable. Fait prisonnier par les Russes, il devient l’emblème de la lutte américaine contre le Communisme. La CIA demande alors à Donovan d’entamer les négociations afin de procéder à un échange entre les deux espions. Celui-ci aura lieu sur le Pont de Glienicke qui relie le secteur américain de Berlin Ouest avec le secteur soviétique de la RDA. Le 10 février 1962, à 8h52, les deux hommes se croisent sur le fameux pont sans se dire un mot. Ils sont libres.
C’est cette histoire que nous raconte Spielberg avec l’appui au scénario des frères Coen. Sous la caméra du réalisateur américain, c’est toute une époque, les années 60 du siècle dernier, qui revit ici avec une précision bluffante. Tom Hanks (Donovan) et Mark Rylance (Abel) sont parfaits dans des rôles que l’on dirait taillés sur mesure. L’image est somptueuse, le suspense fonctionne même si l’issue en est connue. L’ajout d’une intrigue parallèle (l’échange simultané d’un étudiant américain) non historique donne au film cette pâte made in USA qui peut faire sourire…
Robert Pénavayre