« Everest », un film de Baltasar Kormakur
Très largement inspiré d’un fait divers qui eût lieu en 1996, le dernier opus du réalisateur islandais trace les limites de l’inconscience.
Quel alpiniste chevronné n’a pas, un jour, caressé l’espoir de toucher au toit du monde, le célèbre Mont Everest, à 8848 mètres d’altitude ? Conquis en 1953 par Tensing Norgay et Edmund Hillary, le monstre rocheux est aujourd’hui l’objet d’une commercialisation effrénée dans laquelle bien sûr le Gouvernement népalais trouve son compte. A l’instar, plus modeste certes, du Mont Blanc français, l’Everest est devenu un vrai boulevard, phagocyté par des tours opérators plus ou moins bien équipés. Ce que nous raconte le livre autobiographique du journaliste Jon Krakauer, joué ici par Michael Kelly, c’est la catastrophique expédition à laquelle il participe lui-même en 1996 et qui se solde par 8 morts. Cet ouvrage, publié en 1997, est à l’origine de ce film.
Attachez vos crampons, nous voilà partis pour un peu plus de 2h de frissons, de vertiges et d’angoisses en tous genres. Si les participants à cette malheureuse cordée sont tous chevronnés, si le leader, Rob Hall, est parfaitement responsable (ce qui ne l’empêchera pas d’y laisser la vie), si toutes les précautions sont prises, le temps seul décide au dernier moment de son humeur. Et c’est ce qui est arrivé. Certes, la cordée arriva au sommet, mais sur la descente elle eût à affronter une tempête extrême qui la ralentit considérablement, épuisant de facto les stocks d’oxygène indispensables à cette altitude. Le bilan est lourd et marque alors une profession qui pourtant a l’habitude de payer un tribut inhumain à sa passion.
Après un entraînement physique considérable, les comédiens tournèrent au pied même de l’Everest, parfois jusqu’à près de 5000 mètres d’altitude, d’autres scènes eurent pour cadre les Alpes italiennes. Le résultat est bluffant, en projection IMAX, on se recroqueville autant de peur que de froid au fond de son fauteuil. Epuisant, certes, mais quel choc !
Robert Pénavayre