L’Orchidée de fer
D’ «Arthur et les Minimoys » à « Jeanne d’Arc », les talents de Luc Besson n’ont pas vraiment de frontières. Voici donc le papa du génial « Cinquième élément » face à la junte birmane au travers de sa principale ennemie : Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix en 1991, ici superbement interprétée par la Malaisienne Michelle Yeoh. Luc Besson nous livre aujourd’hui un film à vrai dire un peu longuet (2h07’) dans lequel il mêle adroitement la vie privée de cette militante fondatrice de la Ligue Nationale pour la Démocratie et, bien sûr, sa vie politique. Pourquoi la vie privée ? Tout simplement, si l’on peut dire, pour braquer les projecteurs sur le mari d’Aung San Suu Kyi, le professeur Michael Aris (magnifique David Thewlis), éminent enseignant à Oxford des civilisations tibétaines. En fait, il joua bien malgré lui un rôle important dans les relations de sa femme avec le pouvoir militaire birman. Atteint d’un cancer en phase terminale, il essaiera en vain de retourner en Birmanie pour la voir une ultime fois. La Junte tentera alors de monnayer le refus de son visa d’entrée en Birmanie contre le départ de sa femme, un départ qui, chacun le savait, serait définitif. Le harcèlement moral fut impitoyable malgré la vaine pression des plus hautes autorités religieuses et politiques mondiales. Le pitch était donc de taille. Sacrifier sa famille pour son pays. Et le film est incontestablement une réussite qui, malheureusement, souffre de facilités coupables, de redondances, d’envols « hollywoodiens » qui auraient tendance à faire de cette authentique femme de combat une véritable sainte (?). Mais le portrait que nous fait Luc Besson de cette militante courageuse, surnommée l’Orchidée de fer, ouvre les portes sur l’enfer de la junte militaire birmane aujourd’hui. Rien que pour cela… Et afin que nul n’en ignore.
Robert Pénavayre
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