« La recherche du jamais-vu est aussi vide de sens que la référence obstinée à ce qui s’est déjà fait. » Marcel Léon Saint-Saëns dit Marc Saint-Saëns
Cette exposition vient après celles récentes consacrées à Raoul Bergougnan en 2012 suivie de Un siècle d’art en Haute-Garonne en 2014. Le Conseil Départemental rend ainsi hommage à l’œuvre de Marc Saint-Saëns tout en poursuivant son travail de mémoire dans le domaine des arts plastiques et en s’appuyant invariablement sur ces mots de Louis Aragon : « Il est insupportable que dans notre pays, certains demeurent à l’écart de la “beauté des choses“. »
Grâce au soutien de toute sa famille et de plusieurs collectionneurs privés, cet ensemble, très cohérent, permet de mieux comprendre la démarche d’un artiste, lié à quelques combats majeurs de son siècle et qui a toujours conservé un lien étroit avec la Haute-Garonne.
Au fil de cette exposition, c’est aussi tout un environnement intellectuel et familial qui se dessine autour du peintre cartonnier, on dira peintre tout court, avec en particulier Camille Soula et Joseph Ducuing, grands patrons de médecine et homme de grande culture, dont on sait aussi quels ont été les engagements sociaux.
L’artiste ne pouvait rêver plus bel écrin pour son travail que le château de Laréole dont on ne va pas résumer ici l’histoire, si ce n’est de vous inviter à le découvrir ou de le redécouvrir avec cette exposition. Voilà plus de trente ans que le Conseil Général a décidé de sauver de la ruine les vestiges encore debout de cet élément du patrimoine en péril. L’intérieur tout comme l’extérieur est une magnifique illustration de ce propos tenu par l’artiste hébergé : « Le travail bien fait est la condition première de la beauté d’une œuvre. » (Marc Saint-Saëns : Liberté de l’art et disciplines techniques – Arts de France – n°4, 15 mars 1946). Ceux qui ont connu les restes du château sont stupéfaits des travaux de rénovation effectués mais aussi du talent des architectes de l’époque !!
Rencontre avec Pierre Cadars, commissaire de l’exposition
L’hommage est ainsi rendu à un artiste toulousain dont le nom reste lié à la renaissance de la tapisserie en France au vingtième siècle, mais un artiste dont l’activité ne s’est pas limitée à celle d’un peintre cartonnier. Il suffira de parcourir les galeries du château pour se rendre compte de la diversité de sa production, une diversité reconnue bien au-delà des frontières de ce cher pays occitan. Vous avez jusqu’au 27 septembre pour découvrir plus de 130 dessins, lavis, huiles, aquarelles et plus de 20 tapisseries parmi les plus représentatives de son art.
Un artiste qui a vécu sa jeunesse durant une période créatrice hors du commun dans toutes les formes d’art, et il fallait par exemple en peinture une volonté de fer pour ne pas emboîter le pas d’un Picasso, d’un Chagall et autres van Dongen, Matisse, Braque. Mais, l’exigence éthique fait partie des règles de vie de l’artiste et il n’en dérogera pas.
Son ami, le poète Pierre Frayssinet lui dédie ces quelques vers qui indiquent en peu de phrases ce qui constituait le ciment de leur fraternité créatrice :
« Car rien n’est en dehors d’un métier bien appris.
La pochade est facile où les couleurs trompeuses
Soudain montent aux yeux ; mais l’œuvre harmonieuse
Seule pour le futur peut avoir quelque prix.
Le langage boiteux ou le pinceau qui tremble
Jamais ne feront rien que le plaisir de sots.
Puisque nous n’avons craint de viser assez haut
L’un sur l’autre appuyé nous monterons ensemble. »
( en date du 22 octobre 1929, il décèdera quelques semaines plus tard )
Bibliothèque Municipale de la Ville de Toulouse. Vous chercherez la fresque, Le Parnasse occitan, peinte par l’artiste. Plus exactement le centre du triptyque. Vous y verrez Pierre Frayssinet. A ses pieds, vous lirez la devise de Jacques Aragon : la fe sens obras morta es ( la foi sans les œuvres est chose morte )
Michel Grialou
Exposition Marc Saint-Saëns à Laréole
jusqu’au 27 septembre, au Château de Laréole
Tél. 05 61 06 33 58
Télécharger le catalogue de l’exposition Marc Saint-Saëns
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