Les majoliques font partie des rares formes de l’art de la Renaissance dans lesquelles la couleur nous est parvenue telle qu’elle était lorsque la faïence quitta l’atelier, sans altération aucune. La majeure partie de la majolique, de par les sujets choisis, nous offre ainsi un des plus grands ensembles de sujets profanes de l’art du seizième siècle.
Ces pièces ont en moyenne cinq siècles, et on est “baba“ d’admiration devant chacune. Mais si vous voulez les apprécier encore davantage, il faut vous munir d’entrée du catalogue dans lequel chaque pièce présentée est expliquée, détaillée jusqu’aux accidents. En effet, on en oublierait presque qu’elle présente une certaine fragilité qui, au cours des siècles, n’a pas facilité leur intégrité. Muni de l’ouvrage, vous deviendrez alors incollable sur chaque élément de cette Collection présentée. Comme c’est le tiers de la collection complète il ne vous restera plus qu’à aller jusqu’au Musée des Arts décoratifs de Lyon pour voir le reste. Mais auparavant, vous aurez l’obligation de voir ou revoir les majoliques de la Fondation car celle-ci en possède déjà, et d’un même niveau de qualité cela va s’en dire.
Ainsi, par le biais de ces chefs-d’œuvre de la poterie qui ont réussi à traverser les siècles, vous entrerez dans l’intimité de ces deux collectionneurs qu’étaient Paul Gillet à Lyon et Georges Bemberg, argentin d’origine, plus globe-trotter, deux véritables collectionneurs à tous les sens du terme, animés de ce besoin impérieux de posséder, animés de cette même passion, enrichir, compléter sans cesse, avec les plus belles pièces, réorganiser, se créer un nouvel univers, et puis, céder l’ensemble, un jour mais pas pour n’importe où. Paul Gillet, ce sera dans ce musée de Lyon qui est un peu son chez lui. George Bemberg jettera son dévolu, ô quelle joie pour les toulousains, sur l’hôtel d’Assezat, cette splendeur architecturale qui ne pouvait parier sur un tel cadeau avec l’installation de la Fondation d’une extraordinaire richesse.
Tout est dit dans le catalogue, et ces quelques lignes sont là pour vous informer de l’expo’, et vous pousser à rendre une nouvelle visite à l’hôtel d’Assezat. En effet, et j’insiste, le catalogue n’est pas un simple livre d’images que l’on feuillette pour entrevoir les objets et être sensible plus ou moins à telle ou telle couleur. C’est un document qui vous dit tout ou le maximum sur le plat d’apparat, la cruche, ……
Et, n’oubliez pas : la beauté transcende toutes les catégories. Elle peut être perçue à partir d’un bouquet de fleurs, d’un paysage, d’une démonstration mathématique aussi bien que d’un acte de générosité mais aussi bien encore d’une chevrette de Deruta, d’un albarello de Sienne, ou d’un plat de Montelupo.
Avec ses pièces fort bien mises en évidence, vous ferez un retour en Italie, ou plus exactement un retour en Toscane, Ombrie, Emilie-Romagne, Vénétie, provinces où se situent les principaux centres de production d’alors. On comprendra mieux quand on nous dit que l’attribution des majoliques est une recherche souvent incertaine. Les artisans qui bougent, les matières premières,… Le catalogue éclairera votre lanterne. Et au bilan, il vous prendra, qui sait ? l’envie de retrouver ces lieux.
Michel Grialou
Majoliques italiennes de la Renaissance
exposition jusqu’au 25 septembre 2015
Musée des Arts décoratifs de Lyon
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