« Ex machina », un film d’Alex Garland
Le personnage prométhéen imaginé par la jeune romancière Mary Shelley au début du 19ème siècle prend corps aujourd’hui dans le monde du 7ème art dans celui de l’intelligence artificielle.
Pour son premier long métrage, le britannique Alex Garland, plus connu pour ses scénarios, s’empare de ce pitch déjà largement sollicité par la science-fiction. Mais il l’aborde ici de manière diaboliquement adroite. Point d’effets spéciaux ultra spectaculaires (il y en a je vous rassure !), mais un huis clos étouffant, angoissant, intrigant, fascinant, déroutant. Dans un lieu retiré du monde, perdu au fin fond des montagnes et encerclé de glaciers, un homme, richissime, a fait construire un bâtiment hyper sécurisé dont nul n’approche sans son autorisation. Cet homme, c’est Nathan, le concepteur et propriétaire d’un fabuleux moteur de recherche, Bluebook, qui lui permet de tout savoir des interrogations et réflexions que les Humains posent sur la toile. Grâce à cette documentation gigantesque, il alimente les circuits d’un magnifique androïde, Ava, dont il a conçu également le corps. Pour la tester sur un certain nombre de réflexes neuronaux, il va la confronter à l’un de ses jeunes employés, Caleb. Dans ce lieu finalement carcéral, un énigmatique triangle se forme dont on ne connaîtra qu’in fine les ressorts de la manipulation. Dommage que l’on ne puisse voir de VO, du moins sur Toulouse, car la VF enlève beaucoup de charme et certainement de mystère à cette première œuvre d’une qualité esthétique époustouflante de maîtrise. Ajoutez à cela une BO d’une précision d’intention assez percutante et il ne vous reste plus qu’à admirer le travail de comédiens déjà bien installés dans le métier et dont les intrinsèques qualités préfigurent un bel avenir : Domhnall Gleeson, Caleb attachant et insaisissable, Oscar Isaac, Nathan ambigu et mystérieux, Alicia Vikander, Ava plus femme qu’androïde, mais chut ! n’en disons pas plus…
Robert Pénavayre