Au Château de Laréole, le Conseil départemental de la Haute-Garonne consacre une rétrospective à l’artiste toulousain Marc Saint-Saëns.
Né à Toulouse en 1903, petit-neveu de Camille Saint-Saëns, Marcel Saint-Saëns est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Toulouse. Influencé par la culture classique, il proclamait: «La recherche du jamais-vu est aussi vide de sens que la référence obstinée à ce qui s’est déjà fait». Marc Saint-Saëns se nourrit du Siècle d’Or espagnol, de la Renaissance italienne ou des contes et légendes médiévales, d’où il tire «la plupart de ses sujets, qu’ils touchent à la mythologie gréco-latine, aux arts du spectacle ou bien, ce qui n’a pas d’âge, aux natures mortes, aux paysages et aux portraits», constate Pierre Cadars dans le catalogue de l’exposition monographique dédiée à l’artiste dans les murs du château de Laréole – à l’initiative du Conseil départemental de la Haute-Garonne, propriétaire des lieux.
Ami du grand chirurgien Camille Soula, le cofondateur de la Societat d’Estudis Occitans, il fait la connaissance de Joseph Ducuing dont il épouse la fille Yvonne, également artiste. Il représente les deux médecins sur la fresque en forme de triptyque qui orne la salle de lecture de la Bibliothèque Municipale de Toulouse, puis sur celle qu’il peint à La Grave.
Se consacrant désormais à son activité de peintre cartonnier pour la réalisation de tapisseries, «à partir de 1942, il participe, en première ligne aux côtés de Jean Lurçat, à ce qu’il convient désormais d’appeler “la renaissance de la tapisserie française”. Les années noires de l’Occupation permettent ainsi aux ateliers d’Aubusson de modifier fondamentalement leurs méthodes de travail. Les lissiers ne se limiteront plus à retrouver sur un autre support le dessin et les couleurs d’un tableau préexistant. Des peintres œuvreront désormais à leur seule intention, en leur étroite compagnie, afin de créer des tapisseries nouvelles».
Les années d’après-guerre «assoient sa renommée nationale et internationale». De caractère onirique et poétique, son art révèle un «sens des équilibres et de réels talents de coloriste, (…) un souci constant d’élégance, souvent même de fantaisie». Lié à Paul Eluard, il consacre plusieurs tapisseries au poète, «parmi les plus originales qu’il ait réalisées», prévient Pierre Cadars, le commissaire de cette exposition.
La rétrospective accrochée au château de Laréole exhibe une douzaine de tapisseries parmi les plus représentatives de l’art de Marc Saint-Saëns. Elle montre également un choix varié de dessins, lavis, huiles et aquarelles laissés dans l’ombre par l’artiste – mort à Toulouse en 1979. Grâce au soutien de sa famille et de collectionneurs privés, elle révèle ainsi au grand jour «un artiste à la curiosité inlassable, toujours capable de s’enflammer devant l’architecture d’un paysage, devant la singularité d’un visage et, plus généralement, devant tout ce qui le rattachait à une culture, aux accents résolument classiques et méditerranéens», assure Pierre Cadars.
Jérôme Gac
une chronique du mensuel Intramuros
Du 23 mai au 27 septembre, au Château de Laréole. Tél. 05 61 06 33 58.
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– Portrait de Joseph Ducuing
(huile sur toile, années 30)
– Faune (fusain, 1964)
photos © Aurélien Ferrera / CD 31
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