La Belle et la Bête
Sur un thème cher au 7ème art, celui des contrastes qui s’attirent, Anne Fontaine, dont on ne peut oublier son fantastique « Nettoyage à sec » (1997), se lance dans une énième variation du sujet.
Soit donc Agathe, irritante directrice d’une galerie d’art moderne. Elle sait tout, elle commande à tous. Ou presque car son couple bat la breloque. Avec François elle est loin de l’amour passion. Tous deux sont rendus aujourd’hui au stade de l’affichage mondain, un statu quo qui pour l’instant leur convient. Des travaux dans leur somptueux appartement voient l’arrivée d’un énergumène incontrôlable : Patrick. Depuis longtemps sans relation fixe, il vit avec son fils dans une camionnette. Au grand dam de la DDASS qui met tout en œuvre pour lui confisquer le fiston, malgré les efforts de médiation de la belle Julie, une assistante sociale belle à damner un saint. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner la suite, c’est d’ailleurs l’un des points faibles de ce film, le manque d’originalité. Par enfants interposés, Patrick va être chargé des travaux et en profiter pour présenter Julie à François tout en draguant consciencieusement Agathe. Après avoir levé les yeux au ciel, Agathe finit par trouver un certain charme chez cet ours mal léché. Et le vaudeville bourgeois et attendu de dérouler sa prévisible démarche. Bien sûr on n’y croit pas l’ombre d’une seconde. D’autant qu’Isabelle Huppert est plus monolithique que jamais et franchement mauvaise dans un registre comique qui n’est pas du tout le sien, toute phagocytée qu’elle est par le maelstrom métaphysique d’un Haneke. Benoît Poelvoorde (Patrick) en fait des tonnes, André Dussolier (François) se laissant simplement griser par la beauté affriolante de Julie (Virginie Efira). Bien évidemment, en creusant à la pioche, on pourra trouver de sujets tels que la fracture sociale, la liberté dans le mariage (sur ce point le film est totalement amoral !), la transgression dans l’art, etc. Mais bon, c’est vraiment à la pioche !
Une comédie souvent triviale et vraiment pas indispensable !
Robert Pénavayre
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