Le cinéma a toujours adoré le hors norme, le marginal, la différence (en même temps, un film sur notre insipide voisin de palier nous passionnerait – il vraiment ?). Il aime encore plus mêler singularité et génie, hyper sensibilité et impossibilité de communication. Quand je vous dis cela, je pense à Rain Man, Le petit homme, Mary and Max (au rayon de l’animation) ou même à cette insupportable tête à claques de Sheldon dans The big bang theory.
De cette différence, il va en être question dans le film du jour, tout comme de Seconde Guerre mondiale, craquage de codes et sexualité prohibée.
Alors que nous sommes à l’aube des années 50, Alan Turing, professeur de mathématiques à Cambridge, se retrouve dans une salle d’interrogatoire face à un policier très curieux d’en apprendre davantage sur son parcours.
Il est contraint de dévoiler son implication dans un programme top secret initié par l’armée britannique, programme qui avait pour mission de stopper la progression de l’armée nazie en venant à bout de son système de codage réputé inviolable.
Alors que le travail d’équipe est le mot d’ordre, que la tâche de décryptage est colossale et que chaque minute perdue entraîne de lourdes pertes humaines, Alan Turing se heurte à ses collaborateurs et se consacre seul à la construction d’une super machine, capable de calculs sans équivalent.
Vous allez me demander : Pourquoi donc aller voir The imitation game, film compilant bien des thèmes (dont celui du biopic notamment) que j’exècre à l’ordinaire ?
Je pourrais vous pondre tout un argumentaire sur le fait que je suis loin d’être aussi obtus que je le prétends et que j’aime aller prendre la température des nominations aux Oscars (où il serait très étonnant que The imitation game reparte les mains vides).
Effectivement, j’ai passé avec vous le pacte de l’honnêteté en toutes circonstances. Ici, la motivation première n’était pas tellement d’en apprendre davantage sur les dessous de la Seconde Guerre mondiale ou de découvrir la patte d’un réalisateur (car ce n’est pas dans ce genre d’exercice somme toute assez académique que pourra se révéler celle de Morten Tyldum). Non non. Ma motivation principale se synthétisait dans le 1m83 de Benedict Cumberbatch (rho ça va hein, on a tous nos faiblesses).
Que voulez – vous, je kiffe ce comédien (j’y reviendrais plus loin) mais comme je n’ai plus 17 ans (grand bien me fasse), il m’est aussi possible d’évoquer les autres aspects du long – métrage.
Si la réalisation ne brille pas d’une originalité décoiffante, elle reste tout à fait honorable, même si parfois parasitée par des ressorts dramatiques inutiles. Découpé en 3 grandes parties (l’adolescence d’Alan Turling, sa prise d’activité au sein du projet militaire, son arrestation), The imitation game navigue entre les différentes périodes, permettant d’entrevoir toute la personnalité, riche et complexe, de son personnage principal.
Le film dévoile des pans méconnus de l’Histoire : les tractations en coulisses, le rôle des services secrets, la mise en lumière des travaux de ce prodigieux mathématicien, les avancées technologiques qui en découlèrent (pour faire simple, c’est un peu grâce à lui que je pianote aujourd’hui sur le clavier de mon PC), sa participation à l’effort de guerre (selon plusieurs historiens, il en aurait écourté la durée de 2 ans, évitant ainsi des milliers de morts supplémentaires) (pour en apprendre davantage sur le bonhomme, vous pouvez faire un tour par là).
The imitation game aborde également la facette intime d’Alan Turing, marqué d’un premier amour adolescent, déchiré par une sexualité considérée comme un crime et pour laquelle il fut persécuté avec acharnement.
La distribution des rôles n’est pas non plus désagréable car de Keira Knightley (dont la moue boudeuse d’ordinaire si horripilante m’a semblé plus supportable qu’à l’accoutumée) en passant par Mark Strong et le formidable Charles Dance, le must des comédiens britannique s’est donné rendez – vous.
Bien sûr, on ne voit que lui à l’écran, Benedict Cumberbatch déchire sa mère dans le rôle de cet autiste génial, torturé, brillant mais incapable de toutes relations humaines (dis donc, ça ne nous rappellerait pas le locataire d’un certain 21 Baker street ?). Si, comme je le pronostiquais plus haut, le rôle à Oscar lui pend au nez, la prochaine gageure sera de dégotter d’autres interprétations plus éloignées de sa zone de confort (Benedict, si tu as besoin d’un agent, je suis là).
En attendant, n’ayez pas trop d’hésitation à aller voir The imitation game, une dose de (bon) classicisme n’a jamais fait de mal à personne.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio