Cher Docteur Cohen,
J’avais prévu, en ce début d’année, de vous écrire pour vous souhaiter une bonne année …
Je voulais vous exprimer, malheureusement bien tard, combien j’avais apprécié de vous compter parmi nos partenaires durant ces nombreuses années où vous avez soutenu la culture au travers de vos différentes actions de mécénat.
Lors de notre première rencontre, il y a une dizaine d’années, en visitant la maison de retraite que vous dirigiez, vous m’aviez fait part des projets que vous souhaitiez mettre en place pour le bien-être de vos résidents, dont celui de les accompagner à la Halle aux Grains ou au Théâtre du Capitole pour qu’ils puissent partager votre passion de la musique classique.
Vous aviez également le projet d’organiser à la Halle aux Grains avec votre ami Shlomo Mintz, le concert des « Violons de l’espoir », l’événement ne se fera pas, mais vous aviez réussi à présenter à Toulouse l’exposition autour de cette incroyable histoire.
Le mois dernier, j’ai appris dans un article de « la Dépêche du Midi » intitulé « Bagatelle : le quartier va regretter son docteur » que vous aviez pris la décision de rejoindre vos enfants en Israël.
Abdel Mernari, Président de l’association de quartier Europasserelle, rendait hommage à vos qualités humaines : «Sa gentillesse, sa bienveillance sont connues de tous, à Bagatelle et même au-delà. Le docteur Cohen est comme une icône, il a soigné des parents, des grands-parents, des petits-enfants. Il n’hésitait jamais à rester tard le soir au cabinet pour soigner les gens qui en avaient besoin, ou à se déplacer chez eux. Il rendait des services, se démenait parfois pour trouver un stage à un jeune. Lorsqu’il y avait des problèmes entre des familles, il jouait le rôle de médiateur.» «Il dégageait tellement de sympathie, que souvent, juste après la sortie de son cabinet, je me sentais déjà mieux, témoigne la maman d’Abdel Mernari. Quand j’ai su qu’il partait, j’ai pleuré de longues minutes. Je ne l’oublierai jamais.»
Dans ce même article, Nicole Yardeni témoignait de l’ampleur inédite qu’a pris l’exode de Toulousains de confession juive vers Israël et j’ai songé au nombre de médecins, chercheurs, artistes ou simple citoyen de votre qualité qui ne feront plus partie de notre ville. Malheureusement, si l’on en croit les médias, le phénomène va s’accentuer considérablement ces prochains mois.
Aujourd’hui de nombreuses personnes à Bagatelle vous regrettent, et comme vous le dites si bien: «L’important c’est d’aimer les gens où qu’ils soient, et surtout dans ces quartiers difficiles.».
Bagatelle a perdu bien plus qu’un Docteur, et notre région bien plus qu’un philanthrope.
Recevez, Cher Docteur, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Bruno del Puerto
janvier 2015