On pourrait dire, un concert tout Brahms, mais pas tout à fait !
Il débute par le Concerto pour violon en ré, op.77, que l’on ne vous fera pas l’affront de présenter, le soliste étant Vadim Gluzman. Œuvre de près de quarante minutes, elle présente dans son premier mouvement Allegro non troppo, d’une vingtaine de minutes, une cadenza qui peut être celle du dédicataire, le fameux Joseph Joachim, comme celle du soliste lui-même.
Musicien majeur, chambriste émérite, amateurs de partitions rares, virtuose hors-pair, Vadim Gluzman joue sur un Stradivarius « Leopold Auer », et d’ailleurs, il dit à ce propos : « Je joue sur ce violon depuis mes 15 ans et maintenant je ne peux pas imaginer jouer sans lui. Le « Auer-» est devenu une partie de ce que je suis comme musicien, violoniste et comme personne : il est ma voix ! Je crois que les musiciens sont en symbiose avec leurs instruments. Avoir ce violon entre les mains a influencé mon jeu, mon son et même mon tempérament était dans une grande manière influencé par ce violon. Penser que les élèves de Auer comme Heifetz, Milstein, Elman et Zimbalist ont également été en contact avec ce violon est une source d’inspiration. Enfin, avoir à l’esprit que les concertos de Glazounov et Tchaïkovski, et même les traits solistes des ballets de Tchaïkovski ont été écrits pour cet instrument, témoigne de l’exceptionnelle longévité et de la continuité de notre art. »
Deuxième partie de concert avec le Quatuor avec piano n°1 en sol mineur, op. 25 de Johannes Brahms, daté de 1863, dans une orchestration d’Arnold Schoenberg. Ce dernier connaissait l’œuvre parfaitement pour l’avoir joué en tant que violoncelliste et altiste, et il estimait que le piano dominait le travail au détriment des cordes.
C’est le grand chef d’orchestre Otto Klemperer qui demande au compositeur de faire une transcription orchestrale de ce quatuor. Ravi de la commande, Schoenberg se met au travail de transcription « strictement dans le style de Brahms». Le résultat est tel, qu’il sera surnommé la «Cinquième Symphonie de Brahms». Sous la baguette du commanditaire, la première a lieu le 8 mai 1938, avec l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles.
I – Allegro 13’
II – Intermezzo : allegro ma non troppo 9’
III – Andante con moto 11’
IV – Rondo alla zingarese : Presto 9’
Schoenberg sur les raisons de son adaptation de cette œuvre : « Mes raisons ? J’aime la pièce. Elle est rarement jouée. Elle est toujours très mal joué, parce que si le pianiste joue trop fort, vous n’entendez rien aux cordes. Je voulais une fois pour toutes, tout entendre, et cela, je l’ai atteint. Mes intentions: rester strictement dans le style de Brahms et ne pas aller plus loin que lui-même serait allé s’il vivait aujourd’hui. Pour regarder attentivement toutes les lois auxquelles obéit Brahms et ne pas les violer, et qui sont seulement connus des musiciens formés dans son environnement. » ( Lettre à Alfred Frankenstein, San Francisco Chronicle, Mars 1939)
Michel Grialou