Aujourd’hui, c’était la reprise des classes cinématographiques, celle d’après spectre de Noël, films d’animation neigeux et comédies familiales dégoulinantes de bons sentiments, celle avec laquelle on allait (enfin) pouvoir recommencer à bafouer la morale et maltraiter l’innocent.
C’est donc avec une jubilation anticipative que je me tournais vers le petit film noir de ce début d’année, Cold in july.
Alors que Richard dort du sommeil du juste, sa femme le réveille brutalement, persuadée d’avoir entendu un bruit dans la maison. Ne s’armant que de son courage et d’un bon gros calibre (n’oublions pas que nous sommes aux stazunis les amis), Richard va exploser la tronche du vilain cambrioleur.
Pris de remords (ils sont comme ça les Américains, peuvent pas s’empêcher de shooter des mecs en se disant après coup qu’il y avait ptèt moyen de faire autrement) (comme appeler la police par exemple) (ou discuter), il ne va pouvoir s’empêcher de faire un tour au cimetière au moment de l’inhumation. Il tombe ainsi sur le paternel du malfrat, Russel, qui va lui mettre gentiment les miquettes en proférant une ou deux menaces voilées.
Alors que la police enquête, Richard va encore être assailli par le doute (décidément). Tentant d’en informer le shérif, il va assister à une scène étrange : Russel est abandonné sur une voie de chemin de fer, immobilisé et prêt à se faire déchiqueter par le premier train qui passe.
L’emmenant à l’abri d’une petite maison au fond des bois, les 2 vont faire plus ample connaissance et se rendre compte qu’ils sont au cœur d’un sacré sac de nœuds.
Qu’on se le dise, je n’ai absolument rien contre les réalisateurs qui s’extraient d’un genre de cinéma pour aller à la conquête d’un autre comme c’est le cas de Jim Mickle, qui s’était fait jusque – là une spécialité dans le registre de l’horreur (avec notamment We are what we are).
Avec Cold in july, Jim Mickle tente de sortir d’un monde qu’il connaît trop bien (mais dont il aurait bien fait de conserver quelques codes, histoire de redynamiser la tension de son long – métrage) pour aller vers un autre qu’il ne maîtrise pas encore.
En résulte un film un peu laborieux, pas toujours très bien ficelé, plein de bonnes intentions mais maladroit, partant dans tous les sens, louchant vers le très noir pour passer brusquement à une comédie se voulant grinçante mais tombant souvent à côté.
En effet, l’utilisation du contre – pied c’est l’art du millimètre, la plupart du temps suicidaire si on ne le maîtrise pas parfaitement …
Et ce n’est pas le tout d’utiliser un Don Johnson à contre emploi (en voilà un qui gère royalement sa fin de carrière) et d’affubler Michael C. Hall (Ayé ! Premier grand rôle post Dexter !) d’une moustache et d’une superbe coupe mulet, encore faut – il que cela ait un sens, pas une simple valeur esthétique …
Je ne vous parlerais même pas de ce pauvre Sam Shepard à qui l’on fait faire n’importe quoi sous couvert de sa dimension » grand bougon taiseux à qui il ne faut pas trop marcher sur les bottes « , rien que d’y repenser, mon petit cœur cinéphile se serre de chagrin …
Malgré tout, on n’en tiendra pas trop rigueur au jeune (pfffiou à peine 35 ans, un oiseau tombé du nid) Jim Mickle qui fait ici ses premières armes dans la grande jungle du cinéma traditionnel. Allez même savoir si dans quelques années, on ne regardera pas d’un œil attendri ses premiers pas un peu hésitants ?
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio