Dès son tout premier film, Memento, Christopher Nolan s’était fait remarquer par son style très personnel. À l’origine de scénarios à la fois sombres et complexes (qu’il développe avec son frère Jonathan), s’ébrouant joyeusement dans l’univers du subconscient et des faux – semblants, Christopher Nolan fait partie de ceux qui ont la cote et dont chaque projet fait piaffer d’impatience les foules.
Avec son dernier en date, Interstellar, le réalisateur aborde un domaine nouveau pour lui, la science – fiction. Et je vous entends déjà piaffer dans votre coin.
Sur une planète Terre exsangue, où les ressources naturelles sont au bord de l’épuisement, où les hommes peinent à produire suffisamment de quoi les nourrir, où des tempêtes de sable géantes sévissent en permanence, Cooper est un agriculteur contrarié.
Lui, qui avait toutes les qualités d’un brillant astronaute, a dû se résigner à devenir cultivateur de maïs (la société préférant financer des bras vigoureux plutôt que des chiens fous prêts à tout pour partir dans l’espace).
Mais Cooper n’a pas complètement mis de côté ses rêves et a su transmettre sa passion à ses enfants, notamment à sa fille, Murph.
Suite à de drôles d’événements se déroulant dans la ferme familiale, Cooper et Murph partent sur la piste de mystérieuses coordonnées. Pour finalement tomber sur une base secrète de la NASA, dont l’objectif est d’envoyer quelques valeureux à des milliers d’années – lumière, à la recherche d’une hypothétique planète capable d’abriter la race humaine.
N’écoutant que son courage (et l’irrépressible appel du cosmos), Cooper accepte de partir, quitte à laisser ce(ux) qu’il a de plus cher derrière lui, sans vraiment connaître la date d’un possible retour.
Je me rends bien compte que mon petit ton goguenard risque de vous induire en erreur sur la teneur réelle d’Interstellar.
Si le long – métrage de Christopher Nolan peut toujours être critiqué, on ne peut pas lui reprocher le prosélytisme ou le ton résolument guerrier des habituels blockbusters américains. Il faut dire que le réalisateur est britannique et le long – métrage pas vraiment un blockbuster (ou alors, un pour lequel on devrait inventer une nouvelle catégorie, celle du métaphysico – introspectif).
Ici, pas de discours conquérant perché sur une quelconque machine de guerre (c’est reposant), seule une discrète bannière étoilée vient flotter sur un camp de base et quelques écussons estampillés NASA fleurissent de – ci de – là.
Malgré une histoire qui invite tout de même à traverser les trous noirs sans savoir ce qui se cache derrière (mais on s’en bat les nuts, rien n’effraie les explorateurs du 3ième millénaire) (qui veulent malgré tout revoir leurs familles, hello contradiction), Interstellar explore les méandres de l’espace – temps*, les travers de l’Homme, sa capacité de résilience et l’amour qui transcende tout.
Un dernier thème un peu déconcertant chez Nolan qui avait su jusque – là nous épargner les sentiments appuyés (mais quand on sait qu’à la base Interstellar était un projet de Steven Spielberg, tout s’explique).
Proposant un intéressant parallèle entre les aventures de ceux partis à la recherche d’une Terre de substitution et ceux restés sur celle d’origine, les 2 h 50 d’Interstellar passe comme une lettre à la poste (malgré le sentimentalisme un brin exacerbé évoqué plus haut et quelques ficelles scénaristiques bien visibles).
La réalisation de Cristopher Nolan est sacrément belle (privilégiant l’IMAX, ça change tout), la revisite de l’aspect physique des (très rigolos) robots est sacrément originale et les montées épiques composées par Hans Zimmer sont à vous faire dresser tous les poils du corps comme un seul homme (saligaud d’Hans, les envolées à l’orgue, c’est totalement déloyal !!). Tout comme l’une des dernières scènes du film (dont je tairais le contenu, bien entendu) mais dont le pouvoir émotionnel et l’intense déchirement ont failli me transformer en fontaine publique (mais comme je n’étais pas seule, je me suis – péniblement – contenue).
Pour une fois je ne m’étendrais pas des plombes sur les performances des comédiens, car lorsqu’on emploie Matthew McConaughey, Michael Caine ou Jessica Chastain, difficile de se gaufrer.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le film de Nolan (notamment certaines analogies rapport à un autre film évoquant l’espace, sorti quelques mois auparavant, au nom commençant par Gra et se terminant par vity). Mais vous comme moi n’avez pas que cela à faire, le plus simple restera de juger par vous – même.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio
* : Un bon conseil, prenez les théories proposées comme un cadeau, n’essayez pas forcément de tester leurs logiques, à part des nœuds au cerveau et la certitude de vous gâcher la projection vous n’y gagnerez pas grand – chose.
Contrairement à des travaux qui tenteraient de vérifier la théorie des trous de vers ou du continuum espace – temps, n’oublions pas que nous sommes avant tout face à un long – métrage. De fiction.