Olivier Bellamy signe l’édition des prolifiques Dictionnaires amoureux consacrée au piano. Le sujet est vaste, passionnant et passionné. Non seulement la foule des grands pianistes de l’histoire occupe à elle seule une sorte de pays imaginaire, mais cet instrument, relativement récent, eu égard à la vaste période de la création musicale, déborde de la seule énumération de ses grands officiants. Ce dictionnaire ne se prive pas de musarder sur les chemins évocateurs de ce merveilleux outil en blanc et noir.
Né à Marseille en 1961, animateur d’émissions de radio consacrées à la musique, Olivier Bellamy est l’auteur de plusieurs ouvrages sur cet art qui le passionne. La touchante biographie qu’il a consacrée à Martha Argerich a connu un grand succès mérité. Avec ce dictionnaire, il étend encore le domaine de son exploration.
Du mot Accord, qui ouvre l’ordre alphabétique des entrées, à l’interjection Zut ! qui le referme, les sujets abordés sont multiples. Bien entendu, une bonne proportion des entrées correspond aux grands artistes qui se sont illustrés ou s’illustrent encore aujourd’hui dans ce domaine. Rendons grâce à l’auteur de nous épargner cette volonté de plus en plus répandue d’établir des hiérarchies, de donner des étoiles ou des médailles, de parler de références absolues. Les grandes légendes du passé occupent légitimement une place importante. Les riches biographies bien documentées de Paderewski, Sofronitzky, Horowitz, Cortot, Richter, Kempff tiennent certes le haut du pavé. Mais fort heureusement Olivier Bellamy ne se cantonne pas dans cette légende, si fascinante soit-elle.
Les talents d’aujourd’hui n’échappent pas à sa sagacité. Si Menahem Pressler ou Aldo Ciccolini, Alfred Brendel, Nelson Freire ou Daniel Barenboïm figurent dans le palmarès des grands de notre temps, l’auteur ne néglige pas les jeunes talents du XXIème siècle. Nicholas Angelich, Boris Berezowski, Khatia Buniatishvili, David Fray, Alexandre Tharaud et leurs nombreux collègues d’aujourd’hui bénéficient de la même attention.
Les grands compositeurs, qui se sont tout particulièrement exprimés dans le langage pianistique, occupent également une place importante. De Bach à Debussy et Ravel, en passant par Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin ou Rachmaninov, les styles, les caractères sont finement analysés, là encore sans se soucier de prétendues hiérarchies. On découvre également au détour d’une lettre ou d’une page, des développements relatifs à quelques personnalités liées par leur passion au piano : Alfred de Musset, André Gide, François Mauriac ou encore les Marx Brothers. De grands concepts, comme celui des différentes Ecoles de piano, de l’interprétation, des programmes de concert… sont également abordés en toute subjectivité bien évidemment.
Les grands lieux où fleurissent les activités musicales liées à l’instrument figurent dans la liste. Le Toulousain y lit avec plaisir que « Le Festival Piano aux Jacobins est un pèlerinage que tout amoureux du piano se doit d’effectuer au moins une fois dans sa vie… »
Un bien bel ouvrage à la gloire du clavier.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse