Quand il y a quelques mois, au festival de Cannes, on a commencé à parler de The Salvation, j’ai tendu une oreille attentive.
Il faut dire qu’un réalisateur danois quasi inconnu tournant un western sauce scandinave à de quoi en allécher plus d’un. Vérifions ensemble si le résultat est à la hauteur des attentes.
Anciens soldats d’une armée danoise en déroute, Jon et Peter sont partis chercher bonne fortune dans les étendues sauvages de l’ouest américain. Les deux frères ont passé plusieurs années à trimer mais possèdent à présent suffisamment de terres pour que Jon songe à faire venir sa famille auprès de lui.
Dans la diligence qui les ramènent, deux individus bien peu recommandables s’en prennent à son épouse et son fils. Balancé au dehors de la voiture, Jon arrivera trop tard pour secourir les siens mais à point nommé pour vider son chargeur.
L’affaire aurait pu en rester là si l’un des deux misérables n’était autre que le frère de Delarue, tueur méchamment psychopathe et qui va avoir très envie de rencontrer celui qui a zigouillé son frérot.
Si toi aussi tu aimes le western dans tout ce qu’il a de traditionnel, les histoires de vengeance rédemptrice, l’homme ordinaire qui bascule du côté obscur car il n’a plus rien à perdre, les paysages plus larges qu’un écran, la poussière, les chevaux, les gueules burinées, je ne sais pas ce que tu fais encore là, file donc dans ton cinéma le plus proche voir The Salvation.
Tu te régaleras d’1h 32 de code d’honneur, de règlements de compte, de grandes baffes à travers le visage de l’impudente qui ose résister, de trahisons, de meurtres d’innocents, bref tout ce qui fait l’essence du film de cow – boys.
Le réalisateur Kristian Levring (responsable également du scénario, en binôme avec Anders Thomas Jensen) revendique haut et fort l’hommage qu’il a souhaité rendre à un genre (si, lorsque tu entendras la musique d’ouverture tu ne penses pas à Ennio Morricone, vas rapidement consulter un ORL) en souhaitant toutefois y inclure son point de vue d’européen et plus précisément sa sensibilité scandinave (dont il trouve la mythologie très proche de celle de genre de récit).
L’idée est également de montrer sur quelles bases s’est construite une Amérique qui n’aurait rien de comparable avec celle que nous connaissons aujourd’hui sans tous ces immigrés venus du vieux continent.
The Salvation gagnerait sûrement à être plus flamboyant et un peu moins prévisible, Kristian Levring mériterait d’être mieux conseillé lorsqu’il s’agit de faire appel à des concepteurs d’effets spéciaux (que les rendus d’incendies sont moches !), cela n’empêche pas au final un film tout à fait correct.
Il faut dire que niveau casting, là, il y a tout ce qu’il faut : Jeffrey Dean Morgan, Mikael Perdsbrant, Eva Green, Jonathan Pryce … On découvre aussi avec joie un Éric Cantona en second couteau et mode Robert de Niro – face (pour paraître plus impressionnant je suppose).
Je vous l’accorde, ça ne se voit peut – être pas très bien ici, le plus simple est de vous rappeler très fort des imitations de José Garcia dans Nulle part ailleurs.
J’ai gardé le meilleur pour la fin car c’est Mads Mikkelsen (aaah Mads …) qui interprète cet homme poussé à son corps défendant vers la voie de la vengeance sans retour. Comme d’hab’, la classe à Dallas.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio.