La série des concerts d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Toulouse, pour le mois de mars, aborde un répertoire très rarement visité par les ensembles constitués. Celui des pièces de musique de chambre pour formations non conventionnelles comme les trios ou les quatuors. Deux compositeurs aux célébrités bien différentes sont inscrits au programme : Ludwig van Beethoven et Josef Suk.
Beethoven avait pleine conscience de son rôle et même de son génie. Il se savait aussi largement incompris. C’est ainsi qu’il répliquait à ceux qui affichaient leur incompréhension devant sa musique : « Ce n’est pas pour vous, c’est pour les générations futures ». Il est peut-être le premier compositeur à développer cette conscience et à l’affirmer tout haut. Avant lui, Bach se considère comme un artisan au service de Dieu, et Mozart lui-même, si conscient de sa valeur n’a pas cette sublime arrogance qui caractérise la fureur beethovénienne. Le Prince Lichnowsky lui enjoint-il de jouer du piano pour les officiers de Napoléon que le voilà qui refuse en rétorquant « Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un seul Beethoven ! ».
Avant d’aborder le grand cycle de ses symphonies, le compositeur s’est investi dans quelques pièces instrumentales associant les instruments les plus divers. Le Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur, opus 20, qui ouvrira la série des concerts de l’OCT, est écrit pour violon, alto, violoncelle, contrebasse, clarinette, cor et basson. Il fut composé entre 1799 et 1800 et publié en 1802 avec une dédicace à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Contemporaine exacte de la Première Symphonie, cette pièce, très développée, eut un succès considérable du vivant de son auteur et reçut les éloges de la critique. Cette œuvre de la fin de la première période créatrice de Beethoven adopte une facture classique et quelque peu « facile ».
On peut y observer l’influence de Joseph Haydn qui fut son professeur pour de très rares leçons au cours desquelles aucune sympathie ni affection ne naîtront entre les deux hommes. Haydn écrivit d’ailleurs à Beethoven : « Vous me faites l’effet d’un homme qui possède plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes ». L’œuvre comporte six mouvements et dure largement autant qu’une grande symphonie.
Le Tchèque Josef Suk (1874-1935) est reconnu comme l’un des grands violonistes virtuoses du XIXe siècle. Né à Krecovice (près de Prague, en république tchèque), il étudie au conservatoire de Prague, où il reçoit des cours d’Antonin Dvorak. Il fonde alors le Quatuor Bohémien (plus tard, quatuor tchèque) à Budapest en 1891. Ce groupe renommé perdure jusqu’en 1934, et Suk y occupe la partie de second violon presque jusqu’à la fin de sa vie.
En 1898, Suk épouse la fille de Dvorak, Otylka. Les décès successifs de son beau-père et de sa femme en 1904 et en 1905 lui inspirent son œuvre la plus célèbre, la symphonie en cinq mouvementsAsraël. Sa Sérénade pour cordes opus 6, jouée également au cours des concerts d’abonnement, est dans la même inspiration que la célèbre sérénade de son maître et beau-père. Cette pièce orchestrale en quatre mouvements a été créée le 25 février 1895 au Conservatoire de Prague sous la direction d’Antonín Bennewitz. L’ouvrage est publié avec le parrainage de Johannes Brahms.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
Saint-Pierre des Cuisines
mardi 18 et mercredi 19 mars à 20h30
l’Escale de Tournefeuille
jeudi 27 et vendredi 28 mars à 20h30
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