Ce 4 mars, à la Halle, Paul Daniel, remarquable chef britannique nommé depuis peu Directeur musical de l’ONBA, dirige l’Orchestre de Bordeaux-Aquitaine dans l’une des œuvres majeures du XXè siècle, cette « symphonie fantastique » de notre époque : la Turangalîla-Symphonie. Au piano, Bertrand Chamayou fait son entrée dans l’œuvre d’Olivier Messiaen, ce « géant paradoxal ». Un événement à tous points de vue.
Né à Avignon, disparu le 28 avril 1992 à l’âge de 83 ans, le musicien religieux (dixit lui-même…), rythmicien d’abord, compositeur ensuite, apparaît dans l’histoire de la musique comme un géant du siècle passé, accumulant les paradoxes au cours d’une vie toute simple, studieuse, entre son orgue, son piano, sa classe d’élèves turbulents (Boulez, Xenakis, Stockhausen, Pierre Henry…), sa table de travail, ses voyages, et son « musée imaginaire de chants d’oiseaux ». En effet, il aura consacré une part essentielle de son activité à l’étude des chants d’oiseaux, agissant à la fois en tant qu’ornithologue, en poète et en compositeur. Le musicien disait retrouver dans la gent ailée un symbole de liberté au-delà des ressources musicales qu’elles lui révélaient.
Olivier Messiaen nous livre la plus monumentale des symphonies françaises, près de quatre-vingt minutes en dix mouvements, la Turangalîla-Symphonie, dans laquelle on retrouve le piano, instrument qui, avec l’orgue, fut toujours au centre de ses préoccupations. Deux ans de travail pour une création à Boston le 2 décembre 1949 par le jeune chef d’orchestre Leonard Bernstein dirigeant l’Orchestre Symphonique de Boston. Les deux solistes sont, au piano, Yvonne Loriod, et aux ondes Martenot, Ginette Martenot.
« Tourângheulî-lâ » vous dira Messiaen, « Turangalîla » est un mot sanscrit voulant dire tout à la fois, chant d’amour, hymne à la joie, temps, mouvement, rythme, vie et mort. Cette œuvre est donc un chant d’amour, un hymne à la joie, une joie surhumaine, débordante, aveuglante, démesurée. L’amour y est présentée sous le même aspect : c’est l’amour fatal, irrésistible, qui transcende tout, tel qu’il est symbolisé par le philtre de Tristan et Yseult.
Vous l’aurez compris, pour de tels paroxysmes, il faut une instrumentation hénaurme !!, mais des plus variées. A la fête donc, les bois, les cuivres et toutes les percussions métalliques possibles. Le plateau se doit d’être gigantesque. Celui de la Halle sera-t-il suffisant ? Heureusement les ondes Martenot sont là, cet instrument de musique électronique présenté en …1928 !! Autant dire datant de la préhistoire. Pourtant, il est capable par le jeu de ses sept octaves de remplacer bon nombre d’entre eux. Aux commandes, Cynthia Millar, la grande spécialiste mondiale de cet instrument, élève de Jeanne Loriod, belle-sœur d’Olivier Messiaen.
Au total, l’entreprise est colossale, excitante à souhait. Sans parler de la partie piano solo qui est d’une telle importance, son exécution nécessitant une telle virtuosité que l’on va jusqu’à parler de concerto ou presque pour piano et orchestre. Le piano fut au centre des préoccupations du musicien, et aura droit à des apports essentiels servis alors par une interprète exceptionnelle, son élève devenue sa deuxième femme, Yvonne Loriod.
Effectif orchestral : environ 103 exécutants
Cordes
16 premiers violons, 16 seconds violons, 14 altos
12 violoncelles, 10 contrebasses,
Bois
2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 1 cor anglais
2 clarinettes en si bémol, 1 clarinette basse en si bémol
3 bassons
Cuivres
4 cors en fa, 1 trompette en ré, 3 trompettes en ut
1 cornet en si bémol, 3 trombones, 1 tuba
Claviers
1 jeu de timbres, célesta,
Solistes
Piano, Ondes Martenot
Percussions – outre les claviers, il faut ici 5 exécutants
triangle, temple-block, wood-block, petite cymbale turque, cymbales, cymbale chinoise, tam-tam, tambour, tambour de basque maracas, tambour provençal, caisse claire, grosse caisse, vibraphone, huit cloches tubulaires.
Orchestre de Bordeaux-Aquitaine
mardi 04 mars à 20h00 – Halle aux Grains
Réservation