J’adore culpabiliser. Sur le fait que je n’aime pas le sport, que je n’ai pas suffisamment d’ambition dans la vie, que je déteste les brocolis, que ma garde – robe n’a pas évolué depuis mes 17 ans … Enfin, vous voyez le genre … De temps en temps, je tente d’aller contre ma nature profonde en achetant des escarpins ou en me mettant au jogging.
Ce genre de délire me poursuit même jusque dans mon domaine de prédilection. Régulièrement, je me livre à de grands combats concernant notamment mes infidélités aux films français. Sans être une défenseuse acharnée de l’exception culturelle, j’aime l’idée de soutenir mon cinéma paternel. Mais lui (ou du moins une certaine frange) a parfois du mal à se débarrasser d’une étiquette » masturbo – intello – nombrilo – élitiste » (étiquette qui m’incite souvent à prendre la porte de la salle d’à côté). Et bien voilà, hier j’étais en pleine phase duel contre moi – même, je suis allée voir Tonnerre.
Tonnerre, c’est le premier film de Guillaume Brac, connu jusqu’ici pour avoir été assistant – réalisateur d’Arnaud des Pallières et d’Emmanuel Mouret et pour des courts – métrages, dont son monde sans femme, nominé aux César.
On y suit Maxime, musicien trentenaire en panne d’inspiration, garçon réservé et hyper sensible, revenu habiter chez son père le temps de mener à bien l’écriture de son nouvel album. Il accepte de répondre à une interview du journal local et se retrouve face à Melody, la petite vingtaine, mignonne tout plein. Sous le charme et malgré son inhibition, Maxime va déployer des trésors pour la séduire.
Il va alors se rendre compte que Melody n’est pas aussi libre qu’elle le prétend.
Une rencontre qui se transforme en quelque chose de plus étrange (mais je ne vous en dévoilerais pas plus pour de ne pas gâcher votre éventuel plaisir), l’idée de fond est simple mais pas inintéressante (l’amour est un sujet inépuisable).
J’ai eu plus de difficultés avec la forme s’apparentant à (ce que je considère être) ce fameux cinéma hexagonal qui m’agace tant : réalisation inutilement elliptique, décalage stérile, utilisation d’acteurs non professionnels pour donner l’apparence d’un cinéma – vérité (j’aurais tendance à penser que cela donne plus souvent un cinéma mal joué mais bon, ce que j’en dis …), choix d’un lieu » typique » (parce que vous comprenez, les petites villes sous la neige, c’est tellement mystérieux), éclairage chiche et gros grain, dialogues surannés et déclamation improbable de poème (ici effectuée par un Bernard Menez utilisé à contre – emploi, of course).
En regardant le long – métrage, on a le sentiment que Guillaume Brac a été (trop) marqué par son passé d’assistant – réalisateur, qu’il n’a pas réussi à se défaire d’influences (en reprenant abusivement le minimalisme de Des Pallières, le maniérisme de Mouret).
Tonnerre c’est également l’occasion de voir s’exprimer un acteur à la côte qui n’en finit pas de grimper, Vincent Macaigne. Après avoir beaucoup entendu parler de lui (notamment pour La fille du 14 juillet et La bataille de Solferino), j’étais fort curieuse de le voir à l’oeuvre.
C’est à présent chose faite. Malheureusement, de mon point de vue, voilà un acteur qui ne dégage pas grand – chose (ce n’est pas de sa faute, ni de la mienne d’ailleurs, nous ne partageons simplement pas les mêmes références). La seule chose que sa performance m’ait amené à penser c’est qu’un rendez – vous chez un coiffeur visagiste ne serait pas superflu.
Car oui, voilà autre chose qui m’épuise : le look savamment étudié peigné – dépeigné – chui – un – putain – de – vrai – comédien – habité. Au secours …
Au – delà de cette anecdote capillaire (que je trouve toutefois assez représentative de ce cinéma d’auteur un peu poseur), pour l’instant, j’ai arrêté de culpabiliser. Je vous tiens au courant de la prochaine crise.
En vous remerciant.