Les portes du Paradis, on les a vues,
elles ont failli être franchies , mais hélas le malin c’est manifesté. D’abord Olga Borodina souffrante a du être remplacée in extremis. Ce fût l’occasion de découvrir une créature étonnante, cantatrice mi vamp, mi énergie vocale brute d’une puissance rare. Sauvés !
Puis ce fût un très mauvais soir pour Ben Heppner, pas un aigu forte ne lui a été autorisé : damnation pour cet immense chanteur qui a osé et réussi tous les rôles de ténor les plus lourds. Ce soir il a craqué tous ses aigus, même pas des contre-ut !
Et bien, c’est peu croyable mais j’ai entendu cet opéra que certains disent pompier et antiquisant comme jamais ! Une partition jeune et fougueuse, subtile et sensuelle puis grandiose et tonitruante mais surtout très dansante et pas seulement dans les ballets parfaitement réussis comme on l’espérait après le Lac des Cygnes récent.
L’orchestre a été royal de timbres et nuances et le chœur ! Un vrai chœur d’oratorio, précis, équilibré, ductile et nuancé à la perfection. Impensable il y seulement deux ans! Quel beau travail a réalisé Alfonso Caiani le chef de chœur et ses choristes ! De la très belle ouvrage, patiente, évoluant très progressivement avec un magnifique palier ce soir.
Le maitre d’œuvre, Tugan Sokhiev, a dirigé à mains nues, il a dansé, sculpté les phrasés, demandé des nuances de l’infime aux plus fortes avec une audace tranquille. Il a parfaitement compris les idées du compositeur.
Le deuxième concert dimanche n’a pu être qu’encore meilleur. Celui de Paris Salle Pleyel le sera encore d’avantage, pourvu que Dalila s’affine et Samson retrouve sa force. France Musique va diffuser le 11 juin une version qui va compter !
Hubert Stoecklin
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