« Les brasiers de la colère », un film de Scott Cooper
Amateur de casting au cordeau, de scénario ficelé au millimètre, de travail original (ici les couleurs), de film d’action que ne se résume pas à des fusillades et des poursuites, d’acteurs fascinants, de mise en scène qui efface le spectaculaire pour se focaliser sur l’essentiel, et de bien d’autres choses qui font l’essence même du vrai cinéma, ce film est pour vous ! Aujourd’hui, ou à peu près, dans cette Amérique profonde dont on nous dit qu’elle n’est pas si reluisante que ça. Une petite ville industrielle va mourir car l’aciérie qui a fait sa prospérité ferme. C’est là qu’a travaillé jusqu’à l’épuisement le père de Russell et Russell lui-même. C’est là qu’a refusé d’entrer Rodney, le frère de Russell, préférant s’engager allant chercher blessure du corps et de l’âme en Irak. De retour de l’armée, Rodney comprend vite que l’Amérique ne peut plus rien pour lui. Aux jeux de hasard, il perd une fortune…qu’il n’a pas. Pour payer, il se lance dans les combats de boxe à mains nues. Il va croiser Curtis, son ange noir. Il y laissera la vie. Russell décide de le venger. Lui qui vient de faire de la prison à la suite d’un accident sait parfaitement comment s’y prendre. L’ange noir change de nom. Christian Bale (Russell), Casey Affleck (Rodney), Woody Harrelson (Curtis), mais aussi Forest Whitaker, Willem Dafoe et Sam Shepard sont au générique de ce polar urbain, social, familial qui finit par ressembler à une tragédie grecque. Ils sont tous époustouflants de présence, de magnétisme, de profondeur, d’authenticité. Des surperformances ahurissantes ! Violent certes, mais comment en serait-il autrement, ce film, qu’il faut voir absolument en VO, porte le sceau d’un grand réalisateur dont le premier long en 2009 (Crazy heart) nous avait prévenu du talent.
Robert Pénavayre