J’avais dessiné sur le sable
Son doux visage qui me souriait
Puis il a plu sur cette plage
Dans cet orage, elle a disparu.
Et j’ai crié, crié, Aline, pour qu’elle revienne
Et j’ai pleuré, pleuré, oh ! j’avais trop de peine. Christophe
Un slow ravageur sur lequel des millions de baby-boomers ont dansé dès la sortie du 45-Tours en 1965. Gageons que dans la salle du casino Barrière, ils ne seront pas les moins nombreux aux cheveux blancs ou grisonnants. Quatre titres, mais qui connaît les trois autres ? Je t’ai retrouvée, Je ne t’aime plus, La fille aux yeux bleus. Le créateur a vingt ans, et c’est après un parcours scolaire passablement mouvementé que le titi parisien, tout feu tout flamme, s’est voué corps et âme à la musique, enfin au rock et au blues, apprenant en autodidacte la guitare et l’harmonica, fondant un groupe amateur à seize ans. Son univers sera donc la musique et le chant et la composition.
Mais, sait-on que l’auteur-compositeur-interprète Christophe (pseudo) a une carrière – mot qu’il n’aime pas, lui préférant la route de ma vie – qui s’échelonne maintenant sur plus d’un demi-siècle ? Avec bien sûr, des périodes fastes, d’autres moins. Peu importe, il vous dira que cela fait cinquante ans qu’il fait ce qui lui plaît, luxe suprême, luxe de joueur et de mec qui aime le risque.
C’est par exemple dix ans après Aline que sa collaboration avec le tout jeune alors Jean-Michel Jarre lui permet de retrouver au top du top des hits, sa chanson Les mots bleus. Il y aura eu auparavant des succès comme Les marionnettes en 1965, en 66, J’ai entendu la mer et en 67, Excusez-moi Monsieur le Professeur.
Les Paradis Perdus (1973) : après quelques albums que d’aucuns ont jugé assez moyens, enfin un chef d’œuvre ! 30 minutes de pur bonheur sous influence rock progressif, avec une pochette admirable. D’ailleurs plusieurs de ses pochettes sont visuellement dignes d’être collectionnées, notamment celles des deux Olympia, 1974 et 2002. Les Paradis Perdus marque donc le début de sa collaboration avec le parolier Jean-Michel Jarre, (c’est Christophe qui signe les mélodies). Des morceaux légendaires (Les Paradis Perdus, Mama, Emporte-Moi), magnifiquement interprétés : un sommet du chanteur.
Les Mots Bleus (1974) : une autre collaboration (et la dernière) avec Jean-Michel Jarre aux textes, voici un autre sommet pur Christophe. Lui qui a réussi à revenir sur le devant de la scène en 1973 alors que tout le monde l’estimait ringard et fini, mettra tout le monde d’accord avec ce disque et sa chanson-titre, une de ses plus belles, « une des plus belles chansons françaises de tous les temps ». Mais Le Dernier Des Bevilacqua (neuf minutes autobiographiques ou presque), Senorita, La Mélodie, Drôle De Vie sont aussi remarquables. Au final, plus de trente belles minutes.
Grand amateur de pétanque qu’il pratique tous les jours quand il peut, l’artiste noctambule, car il travaille la nuit, a de nombreuses passions. Il a aimé les belles “bagnoles“ vouées à la vitesse , les Ferrari, les Lamborghini. Marqué par son époque, il collectionne les juke-boxes, les disques vinyle rares, et les copies originales de grands films. Les cinéphiles savent qu’il a signé en 1970, la bande originale du film Sur la route de Salina de Georges Lautner.
Le musicien n’a jamais décroché, traversant cinq décennies de musique, toujours préoccupé par les dernières trouvailles musicales, essayant alors de les incorporer dans ses nouvelles compositions. Tout l’intéresse. C’est devenu aussi un maniaque du son.
Et si en 1996 l’album Bevilacqua ne “marche“ pas, qu’importe, il le ressort en 2011. Au fait, Christophe s’appelle de son vrai nom Bevilacqua et de prénom Daniel !
Personnage à multiples facettes, son dernier spectacle en trois séquences risque d’en surprendre plus d’un !! Sans parler de sa chaise à son !! Mais, ne dit-il pas : « Il y a une station piano, (là, nous serons très indulgents pour sa prestation puisqu’il le demande, s’étant mis fort tard à la pratique de cet instrument), une station synthétiseur avec ordinateurs, puis une station guitare. Vous savez, je suis autodidacte en tout et chaque concert est pour moi une nouveauté. Comme je ne suis pas instrumentiste, j’apprends à voir où est mon plaisir par rapport à des sons de guitare. L’expérience que je fais, c’est comme si je me jetais dans la cage aux lions. Je ne suis certain en rien, mais il faut qu’on m’aime comme ça. Quand on vient me voir, on ne vient pas voir un virtuose. Avec le peu qui me fait vibrer, j’arrive à faire des mélodies. C’est ce qui s’appelle la passion. » Midi Libre du 1er octobre 2013.
La durée de son spectacle? Ce sera au feeling avec la salle. Mais qu’il ne compte pas que la majorité du public ici présent, va se passer des titres mythiques !! La nostalgie est là et bien là. Et s’il ne faut pas trop regarder derrière, après tout, l’artiste fait partie de cette époque bénie où les paroles des “tubes“ n’étaient pas des rédactions philosophiques, les musiques très sophistiquées, le son irréprochable ! loin s’en faut, mais…….
Des invités surprise ? En principe, non. Quelles chansons ? Il a le choix…Seul, le lieu est sûr : la scène du Théâtre du Casino Barrière, le 15 janvier à 20h 30. Ce sera complet, évidemment.
Michel Grialou